«Et je suis venu ici pour cultiver l’Authentique
— Ça doit être une plante qui pousse dans les livres…»
Le livre de Jean-François Bazin débute par cette citation tirée de L’eau des collines (Jean de Florette) de Marcel Pagnol.
Oui, qu’est-ce que le vin bio? On en entend un peu parler, mais on ne sait pas trop ce que c’est. Premièrement est-ce que ça existe vraiment?
On fait de plus en plus attention à sa santé. Au moment où on apprend que le tiers des poissons qu’on consomme est néfaste pour la santé, est-ce que le vin peut-être aussi dangereux?
Les producteurs de vins utilisent de nombreux produits chimiques et en grande quantité. Ils appellent cela des produits phytosanitaires. Ces jours-ci, on parle surtout du soufre qui est utilisé dans la vigne, dans les barriques et dans les bouteilles.
La très grande majorité des producteurs disent que le soufre est indispensable. Même nos monopoles d’État qui achètent le vin sont d’accords.
«On a refusé mon vin au Canada: il n’était pas assez riche en… soufre ! Vous voyez comme c’est compliqué…», dit un producteur du Luberon.
Le livre de Jean-François Bazin est bourré de renseignements techniques et historiques. On y parle beaucoup de cet étrange Rudolf Steiner qui est le père du bio. Fondateur de l’anthroposophie, il prétendait communiquer avec des personnes décédées, comme d’ailleurs un de nos anciens premiers ministres au Canada.
Selon le Dr Steinert, le ciel, les étoiles, la lune, la position des astres ont une influence sur les plantes. Ses adeptes disent qu’on doit donc en tenir compte lors des travaux de la terre, de la vigne et même lors de la mise en bouteille des vins qui doivent se faire seulement lorsque les astres sont bien positionnés.
«Si la constellation est défavorable, on ne touche pas aux moûts.»
«Il y a des radiations cosmiques auxquelles nous sommes tous soumis.» Lalou Bise-Leroy.
Les vignerons bio utilisent donc toute une panoplie de moyens qui nous semblent plutôt étranges comme la corne de vache remplie d’une bouse bio et qu’on enterre. On utilise aussi de l’eau dite «dynamisée». C’est de l’eau qu’on brasse dans un certain sens pendant un certain temps.
«L’effet de l’influx cosmique sur l’eau dynamisée est considérable.» Michel Chapoutier.
Plus encore: on fait brûler certains insectes pour éloigner ses congénères.
Mais mis à part ces procédés, les adeptes du bio essaient d’utiliser le moins de produits chimiques possible et de faire le vin le plus naturel qui soit.
Les producteurs bio seraient plus nombreux en Autriche, en Allemagne et en Italie. Le mouvement se développe de plus en plus en France et dans les autres pays. Des régions s’y refusent comme Bordeaux.
Les bio rejettent la mécanisation à outrance, la chimie excessive qui tue la vie des sols. Dans certains cas, le cheval remplace le tracteur accusé de trop compacter les sols et de tuer les organismes et toute vie microbienne en surface.
Toutefois, il y a bio et bio. Il y a bio et biodynamie. Il y a des églises, des chapelles, des voies différentes dans ce mouvement. Les avis sont partagés face à cette doctrine. Le plus étonnant c’est que leurs gestes semblent avoir des effets positifs sur la qualité de la vigne. L’auteur cite Claude Bourgignon, spécialiste de l’étude des sols: «Je ne vous cache pas que la biodynamie trouble mon esprit scientifique… on observe une activité biologique deux fois plus forte sur le sous-sol cultivé en biodynamie.»
Les pollutions hertziennes seront plus graves que l’amiante et le sang contaminé.»
L’enherbement fait désormais partie de la communication d’un domaine.
Quelque 8 500 tonnes de cuivre sont déversées chaque année dans le sol français, la moitié par la viticulture…
Si la chaptalisation s’appelait le sucrage…
Est-ce que le vin bio est meilleur?
Il semble meilleur pour la nature, pour les sols, pour la santé, pour l’écologie; au goût? C’est une question de goût, et ça reste à démontrer.
«Un vin bio doit être lumineux, plus vivant, plus personnel.»
«Le rejet des levures artificielles rétablit une complexité gustative honnête, fidèle au cépage et au terroir, bien différente des arômes exotiques — mangue, ananas, litchi, etc. — qui signent ces bouteilles produites un peu à la manière des pop wines américain ! Le vin bio ne souffre pas de ces dérives. Encore faut-il former le public et son goût… »
«Parmi les acheteurs français de produits bio, 73 % citent la santé comme raison principale de ce choix, bien avant le goût ou l’éthique environnementale.»
L’occasion d’un nouvel élan?
«Pour la première fois une « manière de faire », sinon une philosophie agronomique, pénètre la réflexion du consommateur et les marchés. Pour le vin, c’est un événement historique, une mutation capitale et peut-être irréversible.»
«Une approche étrangère à la démarche scientifique.»
«Il existe autant de vins bio ou biodynamique que de producteurs.»
«Ces méthodes n’ont peut-être pas réponse à tout mais elles nous apprennent beaucoup. Notre état d’esprit a beaucoup changé.» Emmanuel Cazes.
Et la Loi
«Le phénomène bio est resté intime durant plusieurs décennies, puis il s’est trouvé à une époque assez récente peu à peu enveloppée par les bandelettes des réglementations françaises et européennes. Il ne s’en délivrera plus, tant les directives s’ajoutent aux lois et les décrets aux arrêtés… Sans doute était-ce inévitable, mais la barque de plus en plus chargée risque de couler.»
Donc, un livre à lire pour en savoir plus sur ce monde viticole si surprenant.
Le Vin bio
Mythe ou réalité ?
Jean-François Bazin
Dunod
140 x 22
196 pages, 2007
SBN : 9782100512614
Prix: 19 €