Aller au contenu

Le Château Musar rejeté

Le dernier millésime du réputé Château Musar a été refusé par la SAQ.

«Le produit ne peut être commercialisé au Canada en raison du taux de carbamate d’éthyle qui est supérieur à la norme fixée par Santé Canada», nous dit Linda Bouchard, responsable des relations de presse à la SAQ.

C’est la deuxième fois qu’un millésime de ce grand producteur du Liban est rejeté par la Société des Alcools du Québec.

En novembre dernier, le Château Musar 2000 a été retiré des tablettes pour les mêmes raisons.

Quelques bouteilles au prix de 50,75 $ ont tout de même été écoulées, mais il n’y a pas eu de rappel auprès du public. La SAQ a jugé qu’il n’y avait pas de danger pour le consommateur, «toutefois, on se doit de respecter les normes de Santé Canada, et ce produit contenait une dose de carbamate d’éthyle supérieure au maximum fixé.»

Plusieurs rhums ne peuvent pas non plus entrer au Canada parce qu’ils contiennent trop de carbamate d’éthyle.

Sur le site du European Food Safety Authority, on apprend que «Le carbamate d’éthyle est naturellement présent dans les aliments fermentés tels que le pain, la sauce de soja et le yaourt, ainsi que dans les boissons alcoolisées telles que le vin, la bière, les spiritueux et, plus particulièrement, les eaux-de-vie de fruit à noyau. Plusieurs précurseurs présents dans les aliments et les boissons tels que l’acide cyanhydrique, l’urée et l’éthanol peuvent conduire à la formation de carbamate d’éthyle pendant le traitement et la conservation des aliments.

Le carbamate d’éthyle est un composé génotoxique et cancérogène multi-site chez les animaux et il est probablement cancérogène aussi chez l’homme.»

«Cette molécule est produite par toutes les levures quelle que soit la souche.» (Vitisphere)

Elle peut représenter un danger pour la santé si le vin est entreposé à des températures élevées.

«Le carbamate d’éthyle présente un risque pour la santé humaine, ce composé étant classé cancérigène (à des doses toutefois beaucoup plus fortes que dans les vins). Le carbamate d’éthyle a plusieurs origines: métabolisme des levures et des bactéries; en particulier il se forme lors de déviations bactériennes pouvant avoir lieu lors de la conservation des vins. Au cours du vieillissement des vins il est formé à partir de la combinaison de l’éthanol et de l’urée.

La teneur en carbamate d’éthyle augmente régulièrement dans le temps pendant le stockage en vrac et en bouteilles, en particulier si la température est élevée. Cette augmentation se manifeste sur plusieurs années.» (www.miseenbouteille.info)

Les limites maximales de carbamate d’éthyle tolérées dans les alcools par Santé Canada sont 30 ppb pour les vins de table, 100 dans les vins fortifiés, 150 dans les spiritueux, 200 dans les sakés et 400 dans les eaux de vie et les ligueurs. (Normes canadiennes ( « limites maximales » ) concernant divers contaminants chimiques dans les aliments, Santé Canada)

Le Château Musar  est considéré comme étant un grand vin par plusieurs connaisseurs. Il a une saveur caractéristique de fruits surets, de thé noir et de figues que plusieurs amateurs savent reconnaître. Il est fait de cabernet sauvignon, de cinsault et de carignan. Il est mis en marché sept années après les vendanges. C’est un vin acide de type A, donc il n’obtient pas de bonnes notes des chroniqueurs américains de type B.

Il est à noter que la société des alcools de l’Ontario, la LCBO, n’a jamais cessé de distribuer ce vin.

Réaction du producteur

Interrogé sur ce rejet, M. Gaston Hochar nous dit qu’il s’est toujours efforcé de faire des vins de la manière la plus naturelle possible. «Ceci entraine et donne parfois des caractéristiques particulières à nos vins, du point de vue organoleptique et analytique, ce qui fait le bonheur de certains amateurs avertis.

La SAQ a ces règles de fonctionnement et d’achat, et je ne peux qu’accepter ses décisions, même si je les regrette.»

Texte modifié le 16 juillet afin d’y ajouter le point de vue de M. Hochar.