«Les vins français doivent être moins ésotériques, moins élitistes, plus compréhensibles et le consommateur ne veut pas être éduqué…»
C’est ce que dit FranceAgrimer chargé de la promotion des produits agricoles français à l’étranger.
Ces affirmations seraient le résultat d’une étude sur 11 pays vinicoles qui font la promotion de leurs vins dans neuf pays clés: Allemagne, Belgique, Canada, Chine, États-Unis, Japon, Pays-Bas, Royaume-Uni et Russie.
Les Français s’inquiètent de voir leurs parts de marché se rétrécir dans ces neuf pays face à la concurrence de l’Italie, de l’Espagne et des pays du Nouveau Monde.
Alors FranceAgrimer dit que «les producteurs de vins français ne peuvent se contenter de vivre sur leur acquis.» Selon Mme Anne Haller «les consommateurs veulent bien boire du vin français mais pour eux ce doit être un service facile, ils ne souhaitent pas faire des efforts, être éduqués.»
Je vais ici donner mon opinion sur les résultats de cette étude. Je veux bien croire que le vin français doit être plus compréhensible, mais je ne peux croire que le consommateur veut moins de vins élitistes et qu’il ne veut pas être éduqué.
Au sujet de l’élitisme, on n’a qu’à observer le succès des grands crus de Bordeaux, de Bourgogne, de Champage — Y a-t-il plus élitiste que ça? — les buveux d’étiquette sont nombreux et dépensent beaucoup d’argent pour acquérir ces flacons autant au Canada, en Chine qu’aux États-Unis.
Mais là où je suis en complet désaccord, c’est lorsqu’on dit que le consommateur ne veut pas être éduqué. C’est contraire à ce que j’observe du moins ici au Québec. Les gens ont une soif énorme de connaissance. Ils veulent en savoir plus sur le vin, sur tous les aspects du vin et ils disent que le vigneron (l’étiquette) ne leur en dit pas assez. Ils veulent connaître les cépages, les modes de fabrications, l’utilisation du bois, les substances ajoutées, les régions, l’histoire du vin, etc.
Oui, le vin français est concurrencé par les vins italiens et espagnols, mais ce n’est pas parce qu’ils sont plus «compréhensifs», mais tous simplement moins chers et offrent une variété, une originalité.
Pour ce qui est des vins du Nouveau Monde, ils plaisent parce qu’ils sont sur un fruité plus sucré plus accessible aux jeunes. Plusieurs de ces nouveaux consommateurs viendront un bon jour aux vins plus sophistiqués, plus fins de France et d’Italie.
Si j’ai un conseil à donner aux vignerons français, c’est plutôt de faire le contraire de ce que dit FranceAgrimer, c’est d’en dire le plus possible au consommateur, c’est de contribuer à l’éduquer et surtout de faire des vins beaux, bons, pas trop chers et originaux. Finalement, n’essayez pas d’imiter les autres; laissez plutôt les autres continuer de vous imiter.
Moi, je veux être éduqué!
Les vins français doivent simplifier leur présentation à l’export, AFP