La Commission européenne abandonne son projet de permettre de faire du rosé en colorant simplement du vin blanc avec un peu de vin rouge. «ll n’y aura pas de changement dans les règles de production du vin rosé», a dit la commissaire à l’agriculture européenne.
Actuellement, en Europe, le rosé est fait avec le jus de raisins rouges qui subit un court contact avec la peau.
Le rosé est devenu très populaire avec 15 % des parts de marché en France 1, plus de 10 % en Italie et en Espagne. Ça monte à 18 % en volume dans la restauration en France 2. En hypermarchés et supermarchés, il s’est vendu 2 millions d’hectolitres de rosé contre 1,5 million d’hectolitres de blanc en 2007. 3
En janvier, un «comité d’experts» des 27 pays membres de la Commission européenne propose un projet de règlement pour modifier des pratiques oenologiques, dont une permettant de faire du rosé par simple ajout d’un peu de rouge. Cette technique de coloriage, moins chers, est utilisée dans les pays du Nouveau Monde. Tous les représentants nationaux votent pour, y compris ceux de la France.
Le réveil est brutal. Quelques semaines plus tard, les vignerons de France, d’Italie, d’Espagne et de Suisse font connaître leur forte opposition à ce projet. Les politiciens se rendent compte de la gaffe et font marche arrière.
La Commission européenne annule donc sa décision de permettre la fabrication du rosé par simple coupage. «Il est important d’écouter nos producteurs quand ils s’inquiètent de changements dans les régulations. Il était clair ces dernières semaines qu’une majorité de notre secteur viticole pensait que mettre un terme à l’interdiction du coupage allait saper l’image du rosé traditionnel», déclare alors la commissaire à l’Agriculture Mariann Fischer Boel un communiqué. «Il vino rosé è salvo» titre la Stampa.
La France est le premier producteur de rosé au monde avec 6 millions d’hectolitres, devant l’Italie (4,4), l’Espagne, les États-Unis (3,8) et l’Allemagne (0,7). La plupart des rosés sont bus dans leur pays de production. Les principaux pays producteurs sont ainsi aussi les principaux consommateurs.
En France, le rosé est à 44 % VQPRD, 38 % vins de pays, 18 % vin de table et 5 % étranger (Onivins 2003).
Le rosé est florissant surtout en Provence où 650 domaines, 55 caves coopératives et 5000 petits producteurs s’y consacrent. Ils écoulent 90 % de leur vin dans le pays.
Rappelons en passant que la Champagne bénéficie depuis longtemps d’une exception et qu’on peut y faire du champagne rosé en ajoutant du rouge. Toutefois, cela doit se faire avant la prise de mousse. L’Espagne avait aussi une telle dérogation qui a été retirée il y a quelques années.
Donc, le rosé du moins en Europe restera du vrai rosé et non du rosi comme ailleurs dans le monde.
Au Québec
Ici sur les tablettes de la SAQ, nous retrouvons 160 rosés (de 6,95 à 609 $ pour le Cristal rosé de Roederer) 81 de France, dont 32 de Champagne, 11 du Languedoc, seulement six proviennent de Provence, 6 du Rhône, 6 de Bordeaux. Il y a aussi 11 rosés d’Italie, 10 d’Espagne, 8 des États-Unis, 6 du Portugal, 5 du Chili…
Sur la photo, un peu de vin rouge que j’ajoute au blanc pour un faire un beau rosi.
Pour en savoir plus sur les techniques de fabrication de ce vin, consultez l’article La Vinification du rosé sur vinsdeprovence.com.
Texte modifié le 11 juin.