Juger un vin c’est dire s’il est correct, bon, très bon, excellent, exceptionnel ou mauvais.
Quoique plusieurs refusent de dire qu’un vin est mauvais!
Certains mettront des étoiles, d’autres des 90, d’autres des 16 sur 20, d’autres seulement des mots.
Certains mettront des étoiles, d’autres des 90, d’autres des 16 sur 20, d’autres seulement des mots.
Comment juge-t-on un vin?
Comme on juge un plat, un restaurant, un film, une auto, un livre.
Comme on juge un plat, un restaurant, un film, une auto, un livre.
Le travail du critique de vin est comme celui du critique de film, de théâtre, de livre, de restaurant…
Il faut prendre connaissance du produit, l’essayer, l’analyser, le retourner dans tous les sens, se poser des questions à son sujet, réfléchir…
Peut-on juger un livre en lisant deux pages, juger un restaurant en y prenant la soupe, juger un film en voyant un extrait?
Non! Pourtant, nous jugeons souvent un vin après une seule gorgée!
Est-ce juste? Est-ce bien faire son travail?
Est-ce que le taux d’erreur n’est pas trop grand?
Pourtant les critiques de vin participent souvent à ces séances marathons où l’on déguste 10, 20, 30 vins; et plus encore dans les concours.
Je participe quelquefois à ces exercices. C’est commode, on peut faire le tour rapidement d’un grand nombre de vins et remplir notre calepin, notre guide, notre page de journal.
Mais souvent, après ces séances, nous regoutons, ou plutôt buvons quelques-uns de ces vins à table et alors notre avis change. Le mieux coté nous déçoit à table; un autre moins bien noté se révèle meilleur!
Lors de ces séances, j’essaie souvent de prendre deux gorgées au lieu d’une. Mais est-ce suffisant?
Hier, j’ouvre une bouteille de mousseux. La première gorgée me semble agressive. La cote n’aurait pas été haute: une étoile. Mais je persiste, la deuxième est un peu plus agréable, mais encore pas deux étoiles. Plus tard, le vin s’est réchauffé dans le verre, les bulles et l’acidité sont moins agressives. Le fruité ressort, on monte à deux étoiles. Puis, on change de verre, on verse le contenant de la flute dans un verre plus grand, un verre de M. Ricardo; là le vin a plus d’éclat, il s’ouvre, il s’est réchauffé, il coule mieux, ce sera deux étoiles et demie. Il passe même l’étape de la table avec un plat de légumes.
Avant hier, c’est un rouge, de belle facture, je le note bien après la première gorgée recrachée, la deuxième encore mieux, puis je pousse le crachoir et je commence à le boire. Je me lasse, le vin me semble maintenant mou. Il perd des étoiles. De très bons (***) il passe à bon (**).
Un autre jour, un vin est meilleur après 10 minutes dans le verre à s’être réchauffé. Puis, c’est un autre qui est meilleur 15 minutes plus tard, il s’est aéré. Puis, c’est un autre qui sera meilleur après un retour quelques minutes au froid.
Un vin nous surprend par ses arômes tellement expressifs, explosifs; mais quelques minutes plus tard, on le trouve trop gros, vulgaire, maquillé.
Dans les dégustations de groupe, les avis diffèrent plus au début lorsqu’on déguste qu’au bout de quelques minutes lorsque chacun des participants a bu les vins.
C’est souvent ainsi. Il y a donc quelque chose qui cloche dans notre désir de vouloir juger rapidement un ou des vins. Ce n’est peut-être pas très sérieux.
Toutefois, il faut admettre que si on devait boire un verre ou deux (80-150 ml) (j’en mets peu à la fois dans mon verre) de chaque vin que l’on veut juger, il deviendrait très difficile, sinon impossible de publier un guide du vin.
Alors que faire?
À la maison, dans mon bureau, à la cuisine; je déguste avec un crachoir, puis je bois les meilleurs et les très bons je les regoute à table, puis souvent je redébouche une ou deux bouteilles de la veille ou de l’avant-veille et les compare avec celle ou celles que j’ouvre aujourd’hui.
Bien sûr, il faut aussi participer à ces dégustations de 5-10 vins ou plus, mais peut-être à ces moments-là nous devrions le dire dans nos commentaires sur ces vins. Décrire le protocole serait probablement plus juste.
Un grand gourou de la dégustation à la SAQ m’a déjà dit lors d’une semaine de dégustation de grands crus à Bordeaux que «c’est la première gorgée qui compte dans le jugement d’un vin». Je dirais plutôt que c’est la dernière gorgée qui compte dans le jugement d’un vin.
Pour bien juger un vin, il ne suffit pas d’en prendre une gorgée!
Il faut en prendre au moins un verre!