Est-ce que vous préférez boire l’original ou l’imitation?
Dernièrement, je dégustais des vins italiens avec des amis dans un gazébo (Au Québec, gloriette, kiosque de jardin quelquefois en bois avec moustiquaire).
À un moment donné, un participant dit «un vin fait de cépages internationaux».
Ça m’a surpris, car ça n’existe pas des cépages internationaux!
Il avait deviné que ce vin d’Italie était fait de cabernet sauvignon et de merlot.
Ce sont des cépages français, des cépages bordelais pour être plus précis.
Cette expression, cépages internationaux, est employée surtout dans les médias américains. Ils n’osent peut-être pas dire cépages français.
En fait, le vin (Ghiaie de la Furba 2007) contenait aussi de la syrah. On est toujours en France.
Le vin suivant (Piastraia 2007) était aussi fait de cépages bordelais avec un peu de sangiovese.
Là encore, les participants ont reconnu cette présence étrangère dans ces vins de Toscane.
Pourquoi cette mise en situation? Eh bien pour dire qu’encore une fois les vins faits de cépages originaux, autochtones ont été plus agréables que ceux faits de cépages étrangers, ici français.
Beaucoup de producteurs de nombreux pays essaient d’imiter les vins rouges français, principalement les vins de Bordeaux en utilisant leurs cépages.
En général, les imitations ou ces tentatives d’imitation n’atteignent pas la qualité et la finesse des originaux, surtout en rouge.
Ces producteurs en font trop. Trop boisé, trop tannique, trop confituré, trop joufflu, trop corpulent. Trop de trop!
Remarquez il y a tout de même des gens qui aiment cela.
Il y a quelquefois de belles réussites, comme en Bolgheri et autrefois en Californie, mais en général, on ne réussit pas à égaler les originaux. Faire plus gros, plus gras, bold and full bodied mène à la caricature. C’est comme ces personnes qui veulent faire chics et s’habiller comme des riches. Elles se rendent souvent ridicules, guidounes et quétaines. C’est la même chose pour les vins.
La Californie, l’Australie et l’Italie ont beau essayer d’imiter les Bordelais, ils réussissent rarement.
L’Argentine veut faire un bon malbec, mais il ressemble trop souvent au merlot; l’Australie veut faire de la syrah, mais son shyraz ressemble au zinfandel!
Il y a pourtant des cépages originaux dans le Nouveau Monde, comme le zinfandel, le mission, le watergate et le burger en Californie; ainsi que le torrontès et l’aconcagua en Argentine. L’Australie a son farana et son obourino. Même l’Italie et la Grèce, pourtant bien pourvus en cépages originaux tentent d’imiter Bordeaux.
Tout ce monde veut faire du merlot et du cab. C’est une mode! Eh bien, je ne peux que leur souhaiter bonne chance, mais je dois constater qu’ils ont encore beaucoup de chemin à faire avant d’approcher de la finesse, de l’élégance et de la complexité des originaux.
Voilà pourquoi je préfère boire l’original.