De la publicité sur le vin déguisée en article dans le journal LeDevoir !
Les matins, je vais dans Google Actualité et je tape « vin », apparait alors une suite de titres d’articles de presse sur le vin. Samedi matin, je vois, entre autres, dans cette liste — LeDevoir, À table avec les vins de l’Alto Adige — Je suis le lien. C’est signé en haut du texte par Élyse Lambert. « Les consommateurs québécois sont curieux et ont soif d’aventure… »
Je lis le texte, on y parle de la région d’Alto Adige, de ses cépages… c’est descriptif et élogieux. Il n’y a pas d’éléments critiques. Tout est beau. Puis le texte est suivi, comme c’est souvent le cas dans ces articles sur une région viticole de suggestions de vins. Trois vins, «joli rapport qualité/prix », mais le prix n’est pas mentionné; « Apéritif parfait »; « On se régalera d’une mozzarella ».
Puis en bas complètement de la page ceci :
« Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir en collaboration avec l’annonceur. L’équipe éditoriale du Devoir n’a joué aucun rôle dans la production de ce contenu. »
L’équipe des publications spéciales du journal!
Je viens de me faire avoir. C’était une pub déguisée en article.
On nous trompe.
La publicité autochtone (également appelée publicité éditoriale) fait référence à la pratique consistant à intégrer soigneusement la publicité au contenu journalistique, en adaptant consciemment l’aspect et la présentation de leur publicité à la plateforme médiatique… la publicité native pose plusieurs problèmes éthiques. » Bureau de la consommation, Canada
Voici ce qu’écrit l’Union des consommateurs:
La publicité native est définie largement comme étant une publicité qui adapte sa forme selon la plateforme qui l’accueille. Elle vise principalement à se fondre dans le décor, afin d’être plus facilement acceptée (voire appréciée) par les consommateurs. Dans les médias d’information, la publicité native prend la forme d’un article journalistique…»
L’Union des consommateurs dit que
« la divulgation du caractère publicitaire devrait dans tous les cas être explicite, claire et sans ambigüité. »« Du point de vue du consommateur, il y a une difficulté certaine à reconnaitre le contenu publicitaire qui prend une forme native, malgré les mécanismes de divulgation actuellement utilisés par les médias d’information. Le lecteur pourra donc être manipulé par l’utilisation d’un discours incitatif qui prend la forme d’un article journalistique. »
(Publicité native. Entre information et mirage, Rapport final du projet de recherche présenté par Union des consommateurs au Bureau de la consommation d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada, Juin 2018 (Document PDF, 162 pages) Un résumé.
Voir aussi «Les 10 règles d’or du Native Advertising». La règle no 1 :
«1. Indiquer clairement au lecteur qu’il s’agit de contenu publicitaire
La publicité native sera mentionnée comme telle de manière claire, avant l’article, présence du logo de la marque, graphisme spécifique). » (Les 10 règles d’or du Native Advertising)
Ce qui n’est pas fait du tout dans cette autre publicité cachée du Devoir (Rasteau : Sincérité et élégance) où on met une note ambigüe à la toute fin de l’article.
Cette forme de publicité, déguisée en article, appelé aussi publicité caméléon, doit être bien payante pour que LeDevoir essaie de nous tromper. Il faut dire aussi que ce type de publicité rend plus difficile son blocage par les logiciels antipubs.
Ceci n’aidera pas à rétablir la crédibilité des chroniqueurs de vin.
Ce même genre de texte sur les vins de l’Alto Adige est déjà aussi paru dans la revue L’actualité et dans le site Tastet.
Le Soleil et le Journal de Montréal ont aussi déjà joué à ce jeu-là.
________
Texte modifié le 12 juillet 2022