L’Association des vins d’abbayes, vous connaissez?
Pour ma part, je n’en avais jamais entendu parler, jusqu’à ce que je me rende à la 4e édition du Salon des vins d’abbayes, tenue le dimanche 18 avril 2010.
Organisée au Centre Georges-Pompidou, une telle activité n’aurait assurément pas eu la même portée que sous les voûtes du magnifique Collège des Bernardins (Paris, 5e), où l’effet était solennel.
Créée en 2008, l’Association a pour objectif « de promouvoir les vins d’abbayes par la mise en valeur de leur patrimoine historique, culturel et œnologique ».
Le patrimoine œnologique des vins d’abbayes ne peut être, selon moi, que bien théorique (ou promotionnel), les pratiques vitivinicoles d’aujourd’hui n’ayant plus grand-chose à voir avec le 13e siècle. En revanche, les vins d’abbayes évoquent un très riche patrimoine historique et culturel.
Pour qui lit un tant soit peu sur le vin, les civilisations et le religieux, constate rapidement que la symbolique chrétienne ainsi que ses pratiques reposent depuis toujours sur le divin élixir. Au demeurant, l’inscription du Château de Cîteaux à la liste des membres de l’Association confère une crédibilité certaine à cette filiation historique et culturelle, tout en générant le plus grand des respects.
L’Association regroupe quinze vignobles, autrefois propriétés de monastères cisterciens (12) ou de l’ordre des Chartreux (3), dispersés en Bourgogne (avec une autre célébrité, le Château de Clos de Vougeot), la Champagne (l’Abbaye de Clairvaux), le Jura (l’Abbaye de Genne Mont Sainte-Marie), le Languedoc (Abbaye de Valmagne), le Rhône méridional et la Provence, enfin Porto. À cela s’ajoutent trois abbayes cisterciennes productrices de bières.
J’ai pu déguster de très bons vins, notamment un Chassagne-Montrachet 1er cru 2001 de l’Abbaye de Morgeot qui, en bouche, évoquait la richesse et le velouté d’une crème caramel. Ô miracle! Frédéric Lornet (Abbaye Montigny-les-Arsures, Arbois) offrait plusieurs produits en dégustation, dont un poulsard (ou ploussard) à la robe claire, au nez où le cassis et les arômes animaux se livraient compétition, avec une longueur en bouche qui évite à cette expérience gustative de sombrer trop rapidement dans le souvenir.
Ceci dit, tous les vins offerts en dégustation n’avaient pas cette élégance et ce poli. Je confesse qu’il est possible que le qualificatif « vins d’abbayes » ait généré chez moi l’attente de nectars paradisiaques… D’où l’à-propos, ai-je conclu au terme de ma visite dominicale, du proverbe médiéval selon lequel l’habit ne fait pas le moine…
À défaut de pouvoir se rendre sur place, les vins de quelques-uns des membres de l’Association sont disponibles au Québec, soit à la SAQ (Château Sainte-Roseline) ou en importation privée.
Pour en savoir davantage sur l’Association des vins d’Abbayes, voir www.lesvinsdabbayes.com
Collaboration spéciale
Manon Tremblay