Les rabais à répétition à la Société des alcools du Québec ne donnent pas les retombées attendues!
Les dirigeants du monopole des alcools multiplient les rabais depuis Noël dernier. Les revenus ne rentrent plus aussi vite que prévu et les patrons de la SAQ ont bien peur de ne pouvoir atteindre les objectifs financiers demandés par le gouvernement.
Les ventes en valeurs croissent moins vite et les ventes en volume diminuent.
Et ce qui est le plus étonnant, c’est que les ventes baissent même lors des périodes de rabais.
Ce fut le cas pour le «Super samedi» où cinq vins étaient mis en vente avec un rabais de 25 %. Cette opération annuelle — «un rendez-vous avec le consommateur» disent les marketeurs de la SAQ — était un succès les années précédentes, mais pas ce samedi 7 décembre. Ils voulaient vendre 60 000 caisses, ils n’en ont vendu que 40 000 caisses.
Les années précédentes, les stocks de ces vins tombaient à zéro dans plusieurs succursales.
Cette fois-ci, de nombreuses succursales sont restées avec des stocks de plusieurs centaines de bouteilles de chacun de ses vins. Le Champagne Duval-Leroy réduit de 17 $ à 52 $ s’est vendu à 1100 caisses au lieu des 2100 les Supers samedis précédents. Qui va maintenant acheter ce vin à plein prix?
Le Folie à Deux Ménage à Trois blanc qui était réduit de 4 $ à 12,70 $ encombre toujours 370 magasins, certains en ont des centaines de bouteilles, 700 et 900 dans certaines succursales. Un blanc difficile à écouler en hiver.
Le populaire Côtes-du-rhône Guigal qui était réduit de 19,40 $ à 14,55 $ est toujours présent dans 382 succursales, en gros volumes de 400 à 1000 bouteilles dans plusieurs dizaines de ces succursales.
Que va faire la SAQ de tous ces surplus? Un autre rabais d’ici le 31 décembre, peut-être?
Se cannibaliser
Est-ce que la SAQ n’est pas en train de se cannibaliser de l’intérieur avec ces rabais?
Le consommateur s’habitue, se concentre sur les rabais. Il y a même eu deux rabais en même temps à certains moments. Le consommateur empoche les rabais, mais n’achète pas plus de bouteilles. Il se concentre sur certains gros vendeurs, délaissant d’autres vins plus intéressants.
Le but des rabais est d’attirer la clientèle et de lutter contre la concurrence. Mais la SAQ n’a pas de concurrence!
Le but des rabais est aussi de hausser les ventes, mais si les clients profitent des rabais, mais n’achètent pas plus, l’objectif de la SAQ ne sera pas atteint. Trop de rabais tuent le rabais!
Rabais payé par le contribuable
Pire encore, dans ce dernier rabais de 25 %, 15 % sont payés par le producteur, mais 10 % sont payés par la SAQ, donc par nous les contribuables. Ce sera de l’argent que le gouvernement n’aura pas.
Une question d’éthique: le contribuable qui ne boit pas accepte-t-il de payer pour que d’autres boivent plus?
La SAQ a multiplié cette année ces rabais de 10 % qu’elle défraie entièrement. C’est 10 % enlevés sur la marge et sur les taxes. Un non-sens.
On veut aussi nous envoyer de plus en plus dans les SAQ-Dépôt, là où c’est rabais tous les jours sur tous les produits si on en achète 12. À la SAQ-dépôt de Montréal, il y a 1000 vins en rabais de 15 % tous les jours; 700 vins à Gatineau et à Québec; 400 à 600 dans les quatre autres.
La SAQ monte les prix pour ensuite faire des rabais. On tourne en rond sous le pont!
Le tableau suivant nous montre les ventes de vin en volume pour les derniers trimestres. Depuis Noël dernier (T3- 2013) les ventes diminuent comparées au même trimestre de l’année précédente.
T1 | T2 | T3 | T4 | |
2012 | 34,7 | 34,6 | 54,1 | 31,8 |
2013 | 36,2 | 35,7 | 53,9 | 31,5 |
2014 | 35,8 | 35,6 |
En dernière heure, nous apprenons via Twitter qu’il y aura d’autres derniers rabais du 12 au 15 décembre. Les cinq vins du super samedi sont de nouveau en rabais, un dernier.