Le vin nature, la grande mode en France et en Italie!
On en dit grand bien et grand mal, là-bas!
Ici au Québec, je vous en ai déjà parlé, nous en sommes préservés par les employés du monopole des vins. Ils n’en importent pas, ne nous en vendent pas. (Lire à ce sujet Les vins nature: le lointain Québec à l’abri, 21 février 2013)
Donc, interdit de nos magasins d’État. Cependant, quelques lecteurs m’ont signalé qu’il s’en importe quand même; en importation privée; donc disponibles dans certains restaurants d’un quartier de Montréal, appelé Le Plateau.
En allant à une dégustation de grands producteurs d’Italie je me suis arrêté dans un bistrot, la veille, Les Trois Petits Bouchons, pour goûter ces vins interdits d’État.
Une belle surprise! Je dois dire que les quatre vins bus m’ont plus ravi que plusieurs des vins des Grandi Marchi dégusté le lendemain.
La palette aromatique et gustative de ces quatre vins déborde le cadre originel de mes expériences. Le spectre, l’éventail est plus large, plus étendu. On y trouve des odeurs et des goûts qu’on n’a pas vus dans les vins jusqu’à maintenant. C’est un peu dépaysant et difficile à décrire. On n’a pas toujours les mots.
Deux blancs
Le p’tit canon 2011, Jacques Maillet, Savoie
Beau nez de papaye, bouche fine, nette; un certain gras, une texture différente. Devient très long en bouche lors’il se réchauffe.
Cépages jacquère et roussette (altesse).
David Spillare Bianco Rugoli 2011
Un garganega d’Italie au nez étrange on dirait du soufre, mais c’est probablement un phénomène de réduction qui s’estompe lentement pour donner un arôme inconnu impossible à décrire. Belle bouche, jolie finale. Savoureux et très original.
Deux rouges
Les Copines, Roussillon, Jean Louis Tribouley
Fruité légèrement épicé. Bien agréable, coulant. Genache et carignan.
Rendement très faible de 12-15 hl/ha.
Pur Breton, Anjou, Olivier Cousin
Cabernet franc typique, de beaux arômes rappelant la terre humide, très belle bouche tannique sur un gros fruit et dotée d’une acidité vivifiante.
Il a bien accompagné le risotto noir encre de seiche crevettes et calmars.
Pour être bus
D’après ce que je comprends des vins dits nature, ce ne sont pas des vins faits pour être vénérés, pour être payés cher, entreposés longtemps en cave et conservés jusqu’à oxydation complète. Ces producteurs veulent qu’ils soient des vins de soif, de plaisir, pour être bu tout simplement, pas collectionnés.
On dit vouloir les faire le plus naturellement possible et ces vignerons insistent pour nous faire savoir qu’ils n’utilisent pas de produits chimiques, qu’ils sont bio souvent biodynamiques, qu’ils n’ajoutent pas de levures achetées, qu’ils ne passent pas le vin dans les filtres, n’utilisent pas les techniques d’osmose inverse et surtout qu’ils n’ajoutent pas ou très peu de soufre (sulfites). Quelques fois 15 ml à la mise en bouteille pour le voyage.
Ce sont des vins artisanaux, faits justement par des artisans, sur de petits domaines (4 à 15 ha). Les récoltes se font à la main. Les quantités produites sont aussi minuscules, souvent moins de 10 000 bouteilles.
Comme l’écrit l’auteur du blogue de l’importateur britannique Les Caves de Pyrene, «ils sont connus pour avoir de fortes saveurs. Les rouges sont dits terreux, rustiques, viandeux, sauvages; tandis que les blancs sont épicés, minéraux, déroutants, étranges avec leurs saveurs de cidre, mais reconnus pour bien accompagner la nourriture.»
Je terminerais cette courte introduction au vin nature en disant qu’ils me font penser au fromage fait de lait cru: la palette aromatique et gustative est beaucoup plus large, parfois déroutante et quelquefois plus savoureuse.
Voir cette courte entrevue de Jacques Maillet, vigneron de vin nature;