Tous les vins seront des produits biologiques d’ici 30 à 40 ans! C’est ce que prédit la Revue du vin de France dans son édition de février.
La célèbre revue française consacre un excellent article sur les vins dits bio. On y affirme qu’aucun grand vignoble ne va échapper à cette conversion. «Le retour à un travail équilibré des sols est inévitable pour tous les grands vins.» Qui continuera à dépenser pour un vin de culture chimique intensive alors qu’un vigneron écolo fera un plus beau travail?
La vigne absorbe un tiers des pesticides épandus en France selon l’éditeur de la revue. «C’est sans doute la fin d’une hypocrisie.»
Le vin biologique a ses qualités et ses défauts nous disent Antoine Gerbelle et Denis Saverot. Il est plus floral, plus minéral. Il contient plus d’extraits secs et a souvent une petite touche saline. Il est plus proche du terroir grâce à l’utilisation de levures indigènes et non industrielles. «Il n’est pas construit sur l’alcool, mais sur une densité de saveurs.»
Il est toutefois plus court en bouche parce que pas maquillé par des levures aromatisantes et le bois. Il faut aussi plus l’aérer parce qu’il a été élevé en milieu réducteur, «est souvent plus difficile d’accès au nez à l’ouverture de la bouteille» et il peut aussi contenir encore du gaz carbonique. Il faut le goûter à table et sur plusieurs verres.
Les vins bio ne sont pas tous bons. Certains producteurs sont «plus préoccupés par l’aspect écologique de leur travail que par la qualité finale de leur vin.» Ce qui donne des vins grossiers et brouillons.
Il est souvent difficile de faire du bio avec les vignes existantes dont les clones ont été conçus pour produire du sucre et de l’alcool. «Trop de vignes issues du clonage donnent des fruits fragiles» qu’il faut protéger par l’utilisation d’une grande quantité de soufre.
Les labels bio sont en France : AB pour raisin bio; Nature et Progrès, raisin et vin bio; Demeter, biodynamique; Biodyvin, un groupe d’élite.
Les deux auteurs nomment plusieurs vignerons et domaines bio qui produisent des vins de grande qualité : Richard Leroy, Stéphane Bernaudeau, Thierry Allemand, Gourt de Mautens, Stéphane Guion, Clos Rougeard, Olivier Pithon, Lionel Gauby, Chapoutier, Mark Angeli, Vincent Davissat, Anselme Selosse, Didier Barral, Jean-Michel Alquier, Stéphane Tissot, Mathieu Cosse, Thierry Germain, Noël Pinguet, Nicolas Joly, François Chidaine, Pontet-Canet, Albert Mann, Deiss, Zind Humbrecht, Bott-Geyl, Trévallon, Revelette, Hauvette, Éole, Lauzières, Romanin, Pierre Overnoy, Jean-Baptiste Senat et Maxime Magnon.
Donc, des noms à surveiller si vous vous intéressez aux vins biologiques.
Un dossier de 10 pages fort intéressant dans le numéro de février de la Revue du vin de France. (En librairie au Québec, 9,50 $)
Le bio a encore pas mal de chemin à faire en France, car seulement 2,6 % des vignes sont cultivées en agriculture biologique (Agence bio, 2007). Il est toutefois en croissance de 20 %. La production de vin bio est surtout concentrée en Languedoc avec 410 producteurs, 328 en Provence et 205 dans la Vallée du Rhône (Millésime bio).
À la SAQ, on ne retrouve que 87 produits agrobiologiques (56 de France) sur les 7007 vins listés sur le site. À ceux-là s’en ajourera une vingtaine d’ici deux semaines. Étonnamment, plusieurs vins biologiques ne sont pas indiqués comme tel. Des producteurs préfèrent ne pas en faire mention!
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