La Nouvelle-Zélande est en vedette dans cet arrivage. Ce pays offre de bons vins, mais ce sont néanmoins certains vins de d’autres pays qui ont surtout retenus notre attention.
D’abord, deux bordelais magnifiques, dans de petites appellations, qui montent. Le premier est un Côtes-de-Castillon, le Château d’Aiguilhe, 2003. Nez sans excès, mais bien présent : cassis, tilleul et crème. L’alcool, un tantinet trop manifeste, dérange un peu. En bouche, le vin est gras et révèle un bon équilibre. Il allie finesse et matière et une belle longueur, tout en épices. Il faudrait l’attendre au moins six ou sept ans. 48 $
Le deuxième est une belle découverte. C’est un Fronsac, le Château Haut-Carles, 2003. Au nez, le fruit ne manque pas. Ce que retiennent cependant immédiatement les narines du dégustateur, c’est l’arôme puissant de la barrique neuve. Je fais la différence entre bois et barrique. Un vin trop boisé n’est pas intéressant, le bois masque tout le fruit [quand il y en a] et le vin disparaît sous une montagne de planches. Tel n’est pas le cas ici. Les arômes de la barrique sont puissants, mais le fruit réussit facilement à leur tenir tête. Si souvent le bois détruit le vin, ici, au contraire, la barrique lui ajoute toute une palette d’odeurs agréables. N’en reste pas moins que je me méfie habituellement de ces vins peu convaincants, souvent bordelais, que le vinificateur a « sauvé» simplement [façon de dire] parce qu’il maîtrise avec beaucoup de talent la technique de l’élevage sous bois. Ici, le bois n’est pas un maquillage trompeur, la bouche le prouve. Elle déborde d’une profusion de fruit, sans pour autant être lourde. Le tout enrobé de ce que Peynaud appelait les tannins nobles. Les amateurs de vins auxquels Parker accorde le magique 90 seront comblés. 45 $
Plus cher, le Karolus, Haut-Médoc, 2003, mérite aussi une mention honorable. Le nez [crème et cassis] est très ouvert. Ce qui distingue cependant ce vin, c’est son très bel équilibre structurel : fruit, acidité et tannins sont parfaitement dosés et bien mariés. Ce qui donne à ce vin plein une bonne longueur en bouche. Il lui manque peut-être une certaine personnalité pour susciter l’enthousiasme et être qualifié de grand vin. Nous nous contenterons donc de dire qu’il est seulement très bon. Ce qui n’est pas si mal. 46 $
De plus en plus de producteurs portugais offrent des vins fort intéressants, à prix très doux. Le Tinto 2003 de Casa de Santar en est une bon exemple. Herbes de Provence. Équilibre parfait. De la fraîcheur et de la rondeur en bouche. Plutôt léger, mais un goût très agréable relevé par des épices. À boire jeune. 14 $
Quelques vins intéressants n’étaient pas offerts lors de la dégustation. Nous ne les avons donc pas goûté. Ils sont néanmoins précédés d’une belle réputation et nous les avons toujours bien aimé les millésimes précédents. Nous n’hésitons donc pas à vous les recommander.
Il s’agit du Cabernet Sauvignon, Liberty School, un Californien très en demande, à 20 $. Si possible, l’attendre deux ou trois ans, au moins.
Il y a surtout le Riesling Reserve de Cave Spring qui est, à mon humble avis, l’une des plus belle réussite de la viticulture ontarienne. À 18 $, il faut goûter ce vin qui donne toujours beaucoup de plaisir.
Dans le beaucoup plus sérieux, et pas seulement à cause du prix, le Pian delle Vigne, Brunello di Montalcino d’Antinori. C’est un 2000, un millésime que beaucoup estiment exceptionnel. Même à 62 $, on fait certainement une bonne affaire.
Voir aussi les notes d’Alain Brault