La récolte de raisins a été beaucoup moins forte cet automne en Europe. On avance les chiffres de -14 % en Europe.
Est-ce que cette baisse de production va entrainer une hausse des prix?
On peut commencer à répondre en posant la question inverse. Est-ce qu’il y a baisse des prix lorsqu’il y a une hausse de la production? La réponse est NON!
Lorsque l’on regarde les courbes de production de raisins dans le monde et qu’on les compare avec la variation des prix, il n’y a aucune corrélation.
La production de vin fluctue d’une année à l’autre dans les deux sens; les prix moyens des vins exportés baissent lentement (5,20 – 4,70 US$ le litre, 2012-2017); la consommation remontent légèrement et les réservent augmentent.
Le vin ce n’est pas de la tomate
Lorsqu’il y a surproduction d’un bien, telle la tomate, les prix chutent; lorsqu’il y a pénurie, les prix montent. Mais le vin ce n’est pas de la tomate. Le raisin récolté à l’automne n’est pas vendu en vin la même année. Il commence à être écoulé l’année suivante, puis progressivement ou cours des années subséquentes. Des producteurs mettent leurs vins en marché deux ans après la récolte; pour d’autres c’est trois ans ou quatre ans. La production d’une année est donc écoulée sur plusieurs années.
La concurrence est très forte dans le monde du vin. Si un producteur ou un groupe de producteurs d’une région augmente trop vite ses prix sans hausser la qualité, les consommateurs vont aller voir ailleurs.
Toutefois, il peut y avoir des exceptions. Les produits de niche, très rares et destinés à des buveurs d’étiquette pourront hausser leurs prix parce que les collectionneurs voudront continuer leurs collections.
Il peut aussi y avoir tentative de hausse du côté des vins en vrac. Mais là encore la concurrence est très forte d’un pays à l’autre. Si les producteurs français haussent le prix de leur vrac, les marchands de vin de France iront s’approvisionner en Espagne comme on le voit actuellement. Historiquement le prix du vin en vrac se tient à moins de 1 dollar le litre depuis plus de 10 ans sur le marché mondial!
L
a production est à la baisse presque partout (sauf en Chine et dans l’Europe de l’Est), mais la consommation est aussi à la baisse (sauf aux États-Unis, au Canada et en Angleterre). Les gens boivent moins, mais mieux; progressivement plus en qualité qu’en quantité.La production mondiale de vin s’établie à 246 millions d’hectolitres en 2017; soit un peu plus que la consommation mondiale de vin qui serait de 243 millions d’hectolitres selon l’Organisation internationale de la vigne et du vin.
Craintes au Québec!
S’il est un endroit où l’on pourrait craindre une hausse des prix du vin, c’est bien au Québec. Au cours des dernières années, la direction du monopole de la SAQ a profité de tous les prétextes pour hausser les prix.
Par contre, suite à de nombreuses critiques du public et des institutions, la direction du monopole a dû changer d’attitude. Elle n’autorise plus maintenant les hausses de prix qu’en fonction de l’inflation dans les pays producteurs. «Le pourcentage d’augmentation devra être égal ou inférieur au taux d’inflation du pays d’origine des 13 dernières périodes.» (Voir La SAQ ne veut presque plus de hausses de prix.)
En résumé, on n’a pas à craindre de fortes hausses de prix au cours de la prochaine année.