Est-ce que les changements annoncés à la SAQ vont être à l’avantage des consommateurs?
- Premièrement, la SAQ va changer la manière de négocier les prix avec les producteurs de vin.
- Deuxièmement, elle va aussi changer le calcul de sa majoration.
Ce sont les deux plus grands changements qui ont été dévoilés au début du mois à un groupe de députés.
Ça fait partie du plan de redressement de la SAQ à la suite du rapport de la Vérificatrice générale du Québec.
Cette dernière reprochait à la direction de la SAQ de ne pas négocier les meilleurs prix de gros possible.
La direction de la SAQ a répondu qu’elle essaiera dorénavant d’obtenir des prix plus bas, mais que pour compenser son manque à gagner elle essaiera d’obtenir plus de budgets de promotion de la part des producteurs de vin.
Donc, elle va chercher à faire baisser les prix des vignerons, mais elle va leur demander plus d’argent en frais de promotion dans les publicités et en vendant des espaces tablette.
Ça semble assez contradictoire. En effet, pour payer plus de ristournes en publicité et frais de marketing à la SAQ, les producteurs devront plutôt vendre leurs vins plus chers.
Actuellement, la SAQ paie ses produits 1,3 milliard $ et récolte seulement 63 millions $ en revenus publicitaires payés par les producteurs.
Si elle réussit à réduire les prix de gros de 10 %, cela représentera 130 millions de dollars. Pour compenser, elle devrait alors faire payer 130 millions de dollars de plus aux fournisseurs en frais publicitaire ce qui est trois fois plus qu’actuellement!
De toute manière, est-ce que le prix de détail qui va en découler sera plus bas? C’est difficile à croire.
Si on enlève un dollar à l’achat pour l’ajouter en frais de publicité payable par le producteur de vin, ça revient au même en fin de compte. C’est échanger quatre trente-sous pour une piastre!
Il ne semble donc pas que cette tactique va réduire les prix de détail. Il n’y aurait donc pas plus de vin à meilleur marché. De plus, le président de la SAQ a dit qu’il n’était pas question d’augmenter le nombre de vins à petit prix. Il dit que 155 vins à moins de 12 $ c’est largement suffisant. «Alors, l’équilibre à 155 produits, comme c’est le cas actuellement, est trouvé.»
La deuxième mesure proposée par le président de la SAQ est d’adopter une majoration semblable à celle de la LCBO en Ontario. Une majoration qu’il appelle linéaire. Soit le même pourcentage de bénéfice pour tous les produits. Actuellement, la SAQ se prend une plus grande marge sur les vins moins chers et une plus petite sur les vins plus chers.
Ce qui fait qu’après taxes ça donne une majoration de 260 % pour un vin à 14 $, mais 160 % pour un vin à 26 $ (Voir La SAQ taxe plus les pauvres http://vinquebec.com/node/12759)
«Notre scénario de croissance, il se fait avec des produits qualitatifs et avec des produits comme la spécialité, des produits un peu plus pointus, différents, innovants, et c’est là qu’il faut investir,» a affirmé M. Alain Brunet à la Commission de l’administration publique de l’Assemblée nationale au début de novembre.
Comme me le disait avec déception un ami en fin de semaine, on va dorénavant soutirer plus d’argent des grands amateurs de vin.
Ainsi après avoir mécontenté ceux qui veulent des vins moins chers, la SAQ va décevoir ceux qui achètent des vins de plus de 20 $. Ceux qu’elle appelle les connaisseurs.
Est-ce que c’est une bonne stratégie?