La SAQ dit perdre entre 70 et 100 millions de dollars par année parce que des consommateurs achètent en dehors du Québec.
Un article de La Presse du 30 mai, écrit par Jacques Benoît, cite deux responsables de la SAQ qui disent que ces consommateurs québécois achètent en Ontario parce que le vin y est moins cher.
Ce n’est pas la seule raison et peut-être pas la principale. Bien sur, on peut souvent payer 3 $ de moins par bouteille en Ontario. En général un vin qui se vend 14 $ à la SAQ sera 11 $ à la LCBO.
Cependant, la différence de prix est bien moins marquée pour les vins de plus de 20 $.
Mais comment alors expliquer que de nombreux Québécois achètent des vins de plus de 20 $ dans les sections Vintages de la LCBO.
La raison : le M-A-R-K-E-T-I-N-G. [À épeler comme le faisait l’entraîneur dans les Boys III].
Des passionnés
L’article de La Presse Affaires mentionne que 4 % de sa clientèle compte pour 25 % de ses ventes. Les dirigeants de la SAQ appellent ces gens les passionnés.
Eh bien, ces passionnés, les gens de la LCBO savent très bien les rejoindre.
Des catalogues
Chaque deux semaines, la LCBO met en vente une cinquantaine de nouveaux vins dans ses sections Vintages. Chaque mois, elle publie [en français] et envoie gratuitement aux Québécois qui en font la demande un magnifique catalogue de 45 pages qui décrit ces produits.
De plus, cette sélection est bien documentée sur son site internet leurs recommandations à la radio, dans les journaux et sur Internet.
Donc, l’achat massif en Ontario ne s’explique pas seulement par le prix. La sélection des produits offerts et la disponibilité de ce ceux-ci sont des facteurs très importants.
Trop souvent nous lisons dans La Presse et Le Devoir des suggestions d’achat de vin qui ne sont disponibles que dans quelques succursales du centre-ville de Montréal.
Des cachettes
De plus, il arrive souvent que les produits plus rares et très recherchés soient cachés. Oui, plusieurs conseillers en vins de la SAQ ne mettent pas en tablettes ces vins. Ils préfèrent les conserver à l’arrière pour les offrir à certains de leurs clients. Ce système de copinage est très déplaisant.
On retrouve cela aussi en Ontario, mais à moins grande échelle il me semble.
Des conseillers rapides
Enfin, le système de répartition des vins de spécialité en région semble inadéquat. La SAQ distribue à ses conseillers une liste de produits à venir, et ceux-ci doivent réagir vite pour les commander. Certains conseillers sont plus vite que d’autres. Il arrive donc qu’on retrouve un grand nombre de bouteilles d’un vin recherché dans une petite succursale éloignée alors que d’autres régions n’en ont pas.
Des suggestions
La SAQ a maintenant désigné un de ses employés, Denis Marsan, responsable de la clientèle des passionnés et des connaisseurs.
Nous nous permettrons alors de lui faire quelques suggestions.
1. Publier un catalogue détaillé [bien fait] des nouveaux arrivages;
2. Faire en sorte que ces produits soient accessibles et facilement identifiables;
3. Mettre fin au système de cachette des conseillers;
4. Mieux former les conseillers en leur permettant de goûter tous les nouveaux arrivages;
5. Permettre aux journalistes de Montréal et des régions de goûter ces produits;
6. Modifier le système de distribution des vins de spécialité afin qu’ils soient mieux répartis entre les succursales.
De la concurence
La SAQ et la LCBO sont des monopoles avec tous les défauts que cela entraîne. Toutefois, nous avons l’occasion de nous déplacer et ainsi profiter d’une certaine concurrence entre les deux entreprises.
Bon vin
Marc André Gagnon