Le connaisseur de vin se régale surtout dans la section des vins de spécialité des magasins de la société des alcools du Québec. C’est là que l’on trouve les produits nouveaux, originaux et distinctifs.
Pourtant, la vérificatrice générale du Québec dit que le secteur des vins de spécialité est très mal géré a la SAQ.
Courant 1300
Spécialité continue 1000
Spécialité par lot 11700
En 2014-2015, il y a 1300 vins courants à la SAQ et 12 700 vins de spécialité. Parmi ces derniers il y en a 1000 en approvisionnement continu, mais 11 700 en approvisionnement par lot. C’est dans ce dernier lot que ça va mal selon la vérificatrice.
Pourquoi? Parce que le taux de roulement de ces vins est trop bas, dit-elle. Le taux de roulement est un indice de rentabilité d’un produit. Plus un produit est populaire, plus il roule vite, plus il est profitable.
Courant x 12
Spécialité continue x 10
Spécialité lot x 5
Le taux de roulement des vins approvisionné par lot, c’est-à-dire renouvelé de temps en temps, est deux fois moins élevé que celui des vins courants et de spécialité en approvisionnement continue. Soit 5 pour vins par lots, 10 pour les vins en spécialité continue et 12 pour les produits courants. Ça veut dire que ces derniers vins roulent 12 fois sur les tablettes en un an. Pendant ce temps, les vins renouvelés de temps en temps ont un rendement deux fois moindre.
La rotation a un coût dit la vérificatrice «Dans le commerce au détail, un produit pour lequel le taux de rotation des stocks est plus faible va normalement avoir un prix majoré plus élevé. Plus un commerçant a un nombre élevé de produits qui s’écoulent lentement, plus cela augmente ses coûts. Pour cette raison, les détaillants suivent de près le taux de rotation des stocks.»
Pourtant, la SAQ a décidé que «la même structure de majoration s’applique aux produits de spécialité et aux produits courants, sauf quelques exceptions», constate la vérificatrice.
Depuis 5 ans, la SAQ a diminué de 8 % le nombre de produits courant et a haussé de 8 400 à 11 700 celui des vins de spécialité.
La vérificatrice recommande donc à la SAQ d’«effectuer le suivi des produits de spécialité de façon à maximiser sa performance en fonction de ses stratégies de commercialisation.»
Toutefois, la vérificatrice générale ne semble pas avoir étudié en profondeur le fonctionnement de ces achats par lots. Elle dit qu’elle s’est surtout concentrée sur les achats des produits courants.
Mais pourquoi ça roule si mal parmi les vins par lot?
En tant que journaliste j’entends souvent des récriminations de la part des amateurs de vins et des producteurs. Certains vins se vendent très vite, mais malgré cela ne sont pas renouvelés, ou le sont 6 mois plus tard alors que l’engouement est passé.
Comment ça se passe à la SAQ?
D’après ce que j’en sais c’est un employé derrière son ordinateur qui décide si un vin sera renouvelé et quand. Ses critères ne me sont pas connus, ni par les agents ni des producteurs à ce que j’entends.
Pourtant, la politique d’achat de la SAQ dit qu’«Un produit offert en vente à titre de produit de spécialité peut faire l’objet d’une nouvelle commande (reconduction) lorsqu’il continue de répondre à la définition d’un produit de spécialité (clause 2.11) et lorsque le volume de ses ventes, le taux de rotation de ses stocks, son prix d’achat et l’intérêt qu’il suscite auprès des consommateurs le justifient.»
Malgré cela, le fait qu’un vin s’est vendu rapidement ne semble pas un être un critère du préposé au renouvellement. Il préférera renouveler un vin qui s’est vendu il y a 6 mois, même si ce fut lentement. «Chacun son tour», semble-t-il dire! Il peut aussi décider (seul ou avec des collèges?) que cette semaine on avantage des vins du Chili, par exemple.
Ses critères ne semblent pas être d’ordre économique. Mais pourquoi alors les vignerons ne se plaignent pas, ne font pas pression sur lui? Ne lui fassent pas remarquer qu’un tel vin s’écoule rapidement; est en grande demande, qu’il doit le renouveler de suite pour répondre à l’engouement et satisfaire le consommateur?
Ils ont peur de se faire barrer, de le fâcher, qu’il remette le renouvellement de la commande à plus tard!
C’est étonnant et même dérangeant d’entendre cela. On a peur de sa réaction!
Quelquefois, un vigneron ou son agent pose des questions, fait pression pour ce faire répondre une chose un jour et autre chose un autre jour!
On se retrouve ainsi avec des vins qui encombrent les tablettes longtemps alors que d’autres, jugés bons par les vinophiles disparaissent vite et ne sont pas renouvelés prestement. Ce mode de renouvellement bureaucratique n’est pas rentable pour la SAQ, ni pour le gouvernement, ni pour le consommateur, ni pour le producteur.
Cela frustre les consommateurs et enrage les vignerons.
Ce système de renouvellement bureaucratique devrait être modifié.