Est-ce que des dirigeants de la SAQ seraient en train de tenter d’escroquer les consommateurs de vin?
C’est du moins la question qu’on se pose après la lecture d’un article du quotidien La Presse du 28 décembre intitulé La SAQ incite des fournisseurs à augmenter leurs prix de gros.
Selon le quotidien montréalais, des dirigeants de la Société des Alcools du Québec auraient demandé à une centaine de fournisseurs de vins d’augmenter leurs prix.
Ces gens de la SAQ voudraient ainsi empêcher la baisse des prix de détail des vins vendus par le monopole au Québec. Baisse qui devrait intervenir à cause de la baisse de la valeur de l’euro par rapport au dollar canadien.
La Presse affirme que «si les prix baissent, c’est non seulement le chiffre d’affaires de la SAQ qui diminuera, mais aussi sa marge bénéficiaire et ce que lui rapportent les nombreuses taxes…»
L’euro a diminé de 17 %
La SAQ paie une bonne partie de ses achats en euros. L’euro a diminué de 17 % depuis un an. Ce qui signifie que les vins achetés par la SAQ en Europe coûtent moins cher.
Normalement, cette baisse devrait se refléter sur les prix de détail. Mais il semble que des gens à la SAQ ne veulent pas de cette baisse!
La légalité de la procédure
Toujours, selon La Presse, les membres du conseil d’administration de l’Association québécoise des agences de vins se sont réunis jeudi dernier. Ils ont envoyé une missive au président de la SAQ, Sylvain Toutant.
Voici une partie de l’extrait de cette lettre citée par le journal La Presse du 28 décembre: «Le conseil d’administration de l’AQAVBS a été informé que la SAQ a effectué des démarches auprès des fournisseurs enjoignant ces derniers de hausser leurs prix de départ chai…le conseil s’interroge sur la légalité de la procédure verbale entreprise par la SAQ…»
Un fournisseur français non identifié aurait dit à La Presse: «Ils ne nous ont pas dit que nous devrions augmenter nos prix, mais ils nous ont dit que nous en avions la possibilité. Ils nous ont dit que c’est nous qui décidions.»
La SAQ dit vouloir des rabais
Dans un communiqué de presse, la SAQ ne nie pas les faits, mais les atténue en disant qu’un fournisseur pourrait choisir de modifier ses calculs: «Cependant, un fournisseur qui transige avec la SAQ en euro pourrait maintenir le même prix de détail pour son produit au Québec et donc soustraire les Québécois à toutes baisses de prix possibles. […] Cela pourrait se manifester de différentes façons: soit des baisses de prix aux consommateurs, des rabais volume consenti à la SAQ pour ses campagnes promotionnelles ou encore par des investissements importants faits par le fournisseur lui-même dans ses programmes promotionnels au Québec. Cela demeure ultimement le choix du fournisseur.»
Il s’agit là d’une somme considérable, car 25 % des achats de la SAQ se fait en euro, selon son vice-président à la commercialisation Laurent Mériaux.
Il faut se demander pourquoi des gens de la SAQ veulent agir ainsi. Pourquoi veut-on priver les clients, les consommateurs d’une baisse justifiée des prix? Pourquoi gonfler artificiellement les prix? Ça ressemble à une tentative d’escroquerie. On se trouverait à escroquer ainsi le consommateur.
La confiance du public
Qui a pris une telle décision? Quelqu’un de la SAQ, du gouvernement?
En tant que consommateurs, on doit s’attendre à se faire exploiter, à se faire rouler, mais comme ça et par des administrateurs de l’État, c’est un peu fort.
Ceux qui ont pris une telle décision risquent de perdre la confiance du public.
Source: «La SAQ incite des fournisseurs à augmenter leurs prix de gros», Jacques Benoit, Marie Tison, La Presse, 28 décembre 2005.
L’article est aussi repris dans Le Soleil.Radio-Canada.ca a repris aussi l’information: La SAQ ne veut pas baisser ses prix
Embêtée par la baisse de l’euro, la Société des Alcools du Québec [SAQ] demande à ses fournisseurs européens de hausser leurs prix de gros afin d’éviter une baisse de ses prix au détail qui réduirait ses bénéfices.
Suite
La SAQ recule et baisse le prix de certains vins 12 janvier 2006
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