Le cafouillage continue à la direction de la Société des Alcools du Québec.
Après avoir incité plusieurs de ses fournisseurs à augmenter leurs prix de gros, la SAQ fait un pas en arrière et annonce une baisse de 8 % des prix de vins européens.
Toutefois, cette baisse aurait dû être de 13 % pour refléter la valeur de l’euro.
Dans un imbroglio absolument épouvantable, des employés de la SAQ ont demandé oralement à une centaine de producteurs de vins européens d’augmenter leurs prix afin de contrer la baisse de la valeur de l’euro par rapport au dollar canadien.
Ces dirigeants de la société d’État demandaient une ristourne de 2,5 % en échange de cette hausse de prix.
Selon le quotidien La Presse, plusieurs producteurs auraient refusé cette offre pour le moins bizarre à la suggestion de leurs agents au Québec.
La Presse cite un exportateur de vins qui dit que «le 23 décembre, j’ai eu un appel de la SAQ. On m’a dit : voilà, nous allons bientôt procéder à un ajustement des taux de change qui va conduire à une baisse entre 10 et 13 % des prix en rayon. Et, donc, est-ce que ça vous intéresse, de manière exceptionnelle, d’augmenter vos prix de 10 % sur lequel vous nous rétrocéderiez 2,5 % en échange sur le nouveau prix départ chai […] Il disait que c’était pour rester plus ou moins au même prix de détail. Il m’a demandé une réponse pour au plus tard le 30 décembre […] J’en ai discuté avec mon agent et j’ai refusé leur proposition.»
Totalement l’inverse
Dans un deuxième article, Jacques Benoît, relate ses conversations avec des gens de la SAQ qui essaient de se justifier, mais qui, en fait, se contredisent. C’est assez étonnant à lire.
Ils disent que des producteurs et des journalistes n’ont pas compris. M. Laurent Mériaux, vice-président à la commercialisation, dit à M. Benoît «actuellement vous écrivez des articles qui essaient de tenter de démontrer qu’on veut faire l’inverse alors que c’est totalement l’inverse qu’on est en train d’essayer de faire.»
Dans un communiqué, la SAQ annonce maintenant qu’à «compter du 1er février, 98 % [des produits transigés en euro] soit 590 produits connaîtront une baisse moyenne de 8 % dans les succursales de la SAQ. Cela représente environ 1,70 $ la bouteille.»
Sulfureux et machiavélique
Dans une entrevue à Radio-Canada, le chroniqueur de vin François Chartier a qualifié l’affaire de sulfureuse et de machiavélique et a dit que la SAQ aurait dû baisser ses prix il y a six fois.
Un monopole et deux rôles contradictoires
Les patrons de la SAQ ne semblent pas vraiment travailler dans l’intérêt du consommateur. Ils dirigent un monopole. Ça leur donne beaucoup de pouvoir et une certaine impunité, mais il faut faire attention aux abus.
Leurs deux rôles de percepteur de taxes et de distributeur de produits de consommation semblent les placer en situation de conflit d’intérêts. Ou du moins, les poussent à faire des gestes répréhensibles qui vont à l’encontre des intérêts des consommateurs.
Tout ceci risque de miner la confiance du public et de relancer le débat sur la privatisation.
Pour en savoir plus sur le sujet:
- «Les prix des vins européens baisseront de 8 %», Jacques Benoît, La Presse, 12 janvier, page A15;
- «Il y a peut-être eu un malentendu», Jacques Benoît, La Presse, 12 janvier, page A14;
- Tentative d’escroquerie de la SAQ?, Vin Québec, 28 décembre 2005.