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Est-ce que la SAQ est rentable ?

La question peut sembler impertinente; pourtant elle est très pertinente.
Est-ce que la SAQ est rentable?
J’ai deux réponses possibles:
   – très peu rentable;
      ou
   – je ne sais pas du tout.

Cette dernière est la plus juste vu l’état actuel de nos connaissances.

Vous allez me dire que la SAQ rapporte 1 milliard de dollars par année au gouvernement.
Oui, mais la LCBO de l’Ontario rapporte 2 milliards au gouvernement de cette province et elle a été jugée très peu rentable!

Oups! Ça peut sembler étrange! Mais c’est que ces milliards sont surtout des revenus fiscaux et non pas seulement des revenus d’entreprises. Si le montant exigé du gouvernement était calculé à part, quel serait le revenu propre de l’entreprise? Tout est mêlé et confondu dans les rapports annuels de ces deux monopoles d’État. Quelle est la part de revenus de l’entreprise et la part exigée par le gouvernement, soit le revenu fiscal. Ce que le président de la SAQ appelle la marge fiscale versus la marge d’affaires.

Au Québec, il n’y a pas eu, à ma connaissance, d’études sur la rentabilité de la SAQ. Les rapports financiers de la société d’État ne permettent pas d’avoir une réponse, de démêler ce qui est la marge d’affaires de la marge fiscale.

En Ontario, par contre, il y a eu une étude sur le sujet. Un comité dirigé par un ancien PDG de la banque Toronto Dominion a été chargé par la première ministre d’étudier la LCBO. Et son verdict a été que «la LCBO est peu rentable».

La LCBO calcule mal son rendement, a dit Ed Clark en septembre 2016 par «une surévaluation des bénéfices : en combinant les impôts théoriques aux bénéfices de l’entreprise, la LCBO donne à la direction et aux employés un faux sentiment de rentabilité.»

Un faux sentiment d’être riche. C’est peut-être ce qui explique pourquoi la SAQ paye ses employés permanents à temps double dans le temps des Fêtes au lieu d’utiliser 70 % de ses employés à temps partiel, comme nous le rappelle Radio-Canada.

«Les employés des succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ) ont travaillé près de 200 000 heures supplémentaires pendant le temps des Fêtes au cours des deux dernières années financières. À 42,85 $ de l’heure en moyenne, la facture s’élève à plus de 8,5 millions de dollars pour la société d’État.» (Radio-Canada, 5 décembre 2017)

Pendant ce temps, la majorité des employés qui sont temporaires peinent à faire 16 heures et doivent faire 2 succursales pour atteindre un horaire hebdomadaire raisonnable pour vivre!

On paye en heures supplémentaires le quart des employés qui font déjà 38 heures par semaine; alors que l’on pourrait donner plus d’heures à temps simple aux trois quarts des employés temporaires ! C’est parfaitement illogique.

La SAQ se défend en disant que c’est prévu à la convention collective. Oui, le faux sentiment de rentabilité; le sentiment de richesse!

La LCBO était jugée peu rentable, parce que, entre autres, sa main-d’oeuvre compte pour près de 50 % de ses frais d’exploitation. Et la SAQ alors, où sa main-d’oeuvre compte pour 68 % des frais d’exploitation? (chiffres de 2015-2016).

La SAQ est-elle rentable. Le président nous a dit dernièrement qu’on pourra en avoir une idée l’an prochain, car «les états financiers seront plus transparents et l’on séparera la marge fiscale de la marge d’affaires de l’entreprise». M. Alain Brunet nous a dit aussi que les charges d’exploitation sont et seront réduites.

Donc, est-ce que la SAQ est rentable? Est-ce qu’il en coute cher pour donner 1 milliard de dollars au gouvernement? Est-ce qu’il pourrait en couter moins cher pour rapporter encore plus? Est-ce que tous les réseaux — succursales, agences, épiceries, dépanneurs, commandes privées, en ligne et autres — sont maximisés? Surement pas. Il y a encore beaucoup de travail à faire.

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