Deux panels de dégustateurs experts en vin; l’un de la Colombie-Britannique et l’autre du Québec jugent 7 vins.
Résultat: le plus fruité des uns est jugé le moins fruité par les autres.
Le pire vin des uns et le troisième meilleur des autres.
C’est ce que nous apprend une étude menée par des chercheurs de l’Université Concordia de Montréal et de l’Université de Colombie-Britannique.
Intitulée «Wine quality and sensory assessments: do distinct local groups of wine experts differ?» et menée par Bianca Grohmann l’étude semble démontrer que le jugement des experts en vin varie selon le lieu d’origine de l’expert.
On a fait déguster 7 vins rouges à un panel de 14 experts de la vallée d’Okanagan en Colombie-Britannique et à 8 de Montréal. Les résultats ont été très différents.
Le groupe de l’Ouest était formé principalement d’oenologues et de vignerons et celui de Montréal était composé surtout de chroniqueurs de vin et de sommeliers.
Les panellistes ont évalué chacun des vins selon 7 aromes (végétatif, végétal, fruité, poivron vert, cassis, épicés, bois) et 9 éléments gustatifs (acidité, astringence, bois, fruits, amertume, amplitude, équilibre, longueur, défaut).
Les vins ont été évalués selon une échelle de 10. Puis selon une grille de qualité (apparence/couleur; arome; défaut; sucre/amertume/acidité; corps/amplitude; longueur; équilibre et qualité d’ensemble. Ceci pour un total de 20 points.
«Le panel d’Okanagan a signalé une plus grande odeur de fruits pour les vins nos 2, 3 et 5, tandis que le panel de Montréal a détecté une plus grande odeur de fruits dans les vins nos 1, 4, 6 et 7.»
La plus grande différence a été notée pour le vin no 5 (Apothic Red) qui a reçu une très bonne note des experts de l’Ouest; alors qu’il a été jugé le moins bon vin par ceux de Montréal. (Ce vin contient 16 grammes de sucre réducteurs.)
«Dans l’ensemble, le panel montréalais a eu tendance à attribuer une note plus élevée aux vins selon les éléments suivant: végétal, poivron vert, arôme épicé, arome de chêne, amertume, acidité, flaveur étrange et équilibre par rapport au panel d’Okanagan.»
Est-ce un effet des cultures différentes du Nouveau Monde versus le monde Européen se demandent les chercheurs.
«Le panel d’Okanagan a semblé associer davantage le gout épicé à la qualité générale des vins; alors que celui de Montréal paraissait beaucoup plus indulgent pour les défauts et accordait plus d’importance à l’équilibre des vins.»
Les chercheurs concluent en disant que «cette recherche montre qu’il existe des différences dans la manière dont les vins sont évalués par des experts du vin dans différents lieux géographiques.»
Les préférences des experts d’Okanagan et de Montréal | ||||
Okanagan | Montréal | |||
Jackson-Triggs Res Merlot 2014 Okanagan |
15,5 |
30 Mile Shiraz 2014 Australie |
15,3 |
|
30 Mile Shiraz 2014 Australie |
15,3 |
Château Eugénie cahors Tradition 2015 |
15,2 |
|
Apothic Red 2015 Californie |
14,9 |
Carinena Res Monasterio De Las Viñas 2006 | 15 |
|
Château Eugénie cahors Tradition 2015 |
14,5 |
Jackson-Triggs – Res Merlot 2014 Okanagan |
14,3 |
|
Gray Monk Pinot Noir 2015 Okanagan |
14,4 |
Road 13 Honest John’s 2014 Okanagan |
14,3 |
|
Road 13 Honest John’s 2014 Okanagan |
13,8 |
Gray Monk Pinot Noir 2015 Okanagan, |
13,8 |
|
Carinena Res Monasterio De Las Viñas 2006 |
13,2 |
Apothic Red 2015 Californie |
12,5 |
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Source
Wine quality and sensory assessments: do distinct local groups of wine experts differ?
Bianca Grohmann, Camilo Peñab and Annamma Joy.
Department of Marketing, John Molson School of Business, Concordia University, Montreal, QC, Canada; Faculty of Management, University of British Columbia, Okanagan, BC, Canada.
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