Nous Québécois ne voulons plus de vin à 12 $!
Nous voulons payer plus cher pour nos vins!
Nous voulons des vins à 16 $, 18 $ et bientôt 119 $!
Québécois, Québécoises. Si je vous ai bien compris. Vous voulez payer plus cher! Eh bien, vous allez payer plus cher!
Ça vous semble ahurissant, mais c’est en gros ce qui se dégageait cette semaine de la lecture d’articles de La Presse et du Journal de Montréal.
«Les Québécois consomment de plus en plus des vins qualitatifs et de moins en moins de vins entre 9 $ et 12 $. Ils poussent de plus en plus la barre de 20 $», nous dit le Journal de Montréal, citant une porte-parole de la SAQ.
Le journal La Presse ajoute qu’en «deux ans, les ventes des bouteilles à moins de 10 $ ont chuté de 14 %.»
La lecture de ces articles m’a rappelé un incident vécu dans le Languedoc à la fin avril.
Reconnaissant notre accent québécois, un producteur nous apostrophe en se disant outré du comportement du monopole du vin du Québec qui a radié un de ses produits.
Michel Julien se dit estomaqué que la SAQ refuse de vendre maintenant son populaire L’Opéra de Villerambert-Julien (Code SAQ 00488270, 12,95 $). La SAQ lui a dit que son vin sera retiré de la liste des produits courants disponibles à la SAQ.
M. Julien en colère affirme que son vin se vend très bien au Québec, mais la SAQ lui a dit que ce n’était pas assez. Il a alors offert de faire plus de promotions, et plus d’effort pour hausser encore ses ventes; ce que la SAQ lui a refusé, selon ses dires.
Les dirigeants de la SAQ diminuent le choix des vins à bon prix pour augmenter celui des vins plus chers dans la section des vins courants. La SAQ va retirer au cours des prochaines semaines 41 vins rouges des catégories de prix de moins de 15 $ pour les remplacer par 46 vins de 15 à 25 $.
Quel est le message qu’on lance aux vignerons? Ne proposez pas votre vin à 4,50 $, il sera refusé, car dans la catégorie des moins de 15 $. Vendez-nous le 6 $, il sera alors dans la catégorie valorisée des 15-25 $.
Ce vin de Michel Julien aurait ainsi le défaut de ne pas se vendre assez cher! Il n’est pas dans la catégorie de prix favorisée par les gens de la SAQ ces jours-ci.
Donc, on veut nous faire payer plus cher! Mais, est-ce que ce sera pour du vin de meilleure qualité?
Le journaliste Claude Langlois du Journal de Montréal s’étonne lui aussi de cette supposée volonté du Québécois à vouloir payer son vin plus cher. Il écrit «j’avoue avoir quand même tiqué un peu» à la lecture de cette affirmation de la SAQ qui dit que les Québécois «poussent de plus en plus la barre de 20 $, même en semaine.»
Oui, on paie plus cher, «mais ce n’est pas parce qu’on a le choix, c’est parce que les prix des vins à la SAQ augmentent sans cesse», dit le journaliste Claude Langlois dans le blogue vin du Journal de Montréal.
Mais pourquoi avons-nous moins de vins de 9 à 12 $ sur les rayons de la SAQ? Est-ce vraiment parce qu’on n’en veut plus? Claude Langlois écrit ceci «si on se fie à ce que certains agents promotionnels nous racontent (la SAQ) essaie de limiter plus ou moins explicitement l’introduction de produits dans cette gamme de prix.»
Le journaliste chroniqueur remarque aussi que l’écart entre la qualité et les prix est de plus en plus grand dans les arrivages du magazine Cellier et du Courrier Vinicole. «Est-on en train de nous refaire le coup des « prix départ-chai » gonflés?»
Il fait ici référence au scandale des prix gonflés artificiellement des vins d’Uruguay «Les vignerons que l’on rencontrait sur place ne comprenaient pas pourquoi des acheteurs de la SAQ leur demandaient de vendre leurs vins plus chers, alors que partout, dans le monde, les marchés leur demandaient de les baisser.» (Encore le prix des vins à la SAQ, Claude Langlois, Les Méchants Raisins, blogue vin Journal de Montréal)
Nous avons perdu 100 vins de moins de 10 $ en trois ans au Québec.
Sur les rayons de la SAQ, il y avait en mars 2009 183 vins de 10 $. Ils ne sont plus que 95.
Mars 2009 | Mai 2012 | |
---|---|---|
-10 $ | 183 | 95 |
10-15 $ | 857 | 878 |
15-20 | 1262 | 1567 |
20-30 | 1607 | 1845 |
30-40 | 727 | 789 |
+ 40 $ | 2324 | 2749 |
Que faire devant la voracité de la Société des Alcools du Québec?
Difficile à dire. Il faut essayer d’être vigilant, de se comporter en consommateur averti et surtout ne pas croire tout ce que le vendeur nous dit.