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Vins québécois dans les épiceries: loin de la coupe aux lèvres

Plusieurs nouvelles ont retenu notre attention dans l’actualité vinicole du Québec cette semaine.
 
Premièrement, on nous annonce que les vins québécois seront finalement dans les épiceries avant la fin de l’année.
 
Le ministre de l’Agriculture du Québec, cité par le Journal du Québec prédit que «les Québécois pourront se procurer des bières artisanales, vins et alcools distillés de producteurs québécois dans les dépanneurs, les épiceries et chez les producteurs, en plus de la SAQ, avant la fin de 2014.»
 
D’un autre côté, la SAQ se vante d’avoir fait augmenter de 40 % la vente de vins québécois dans ses magasins. 40 % de quoi? 40 % de peu. C’est en fait 41 000 bouteilles. Donc un peu plus de 10 % des 400 000 bouteilles que la SAQ égare chaque année. Et c’est peu comparé aux ventes d’un seul vin Le Ménage à Trois qui fait 1,7 million de bouteilles.
 
La SAQ forcée par le gouvernement Marois a finalement fait une bonne place aux vins du Québec sur ses étagères. La SAQ paie la bouteille 5 $, après marge de 135 % soit 7 $ de la SAQ plus les taxes, le vin est vendu 15 $ aux consommateurs. Puis le gouvernement retourne 4,70 $ aux vignerons pour chacune de leurs bouteilles vendues 5 $ à la SAQ. 
 
Les vignerons du Québec reçoivent ainsi près de 10 $ la bouteille. C’est le double de ce qu’on paie aux producteurs de 75 % des bouteilles vendus à la SAQ, soit les vins courants et plus du double de ce qui est payé aux producteurs qui vendent leurs vins en vrac pour les épiceries.
 
Après avoir fait tant d’effort, est-ce que la SAQ laissera partir les vins québécois au profit des épiceries ou est-ce qu’elle acceptera de partager ce marché avec les dépanneurs?
 
Le ministre tutélaire de la SAQ, le ministre des Finances Carlos Leitão n’a pas encore confirmé ou infirmé les propos de son collègue à l’agriculture.
 
Il est fort à parier que la force d’inertie des dirigeants du monopole SAQ ne voudra pas de ce mouvement en faveur des épiciers.
 
Pendant ce temps, au niveau fédéral, on nous annonce que les négociations pour la libéralisation du commerce interprovincial reprendront à l’automne.
 
Le ministre fédéral de l’Industrie James Moore dit que la venue d’un gouvernement fédéraliste à Québec est «le dernier morceau du casse-tête qui manquait pour relancer les négociations entre Ottawa et les provinces pour éliminer les entraves au commerce intérieur.»
 
Le gouvernement fédéral avait tenté il y a deux ans avec la loi C-311 de lever les barrières du commerce du vin au Canada, mais toutes les provinces sauf le Manitoba ont aussitôt imposé des restrictions.
 
On peut se demander maintenant, si les épiciers et dépanneurs du Québec pourront bientôt aussi vendre du vin canadien avec le vin québécois?
 
Les demandes de libéralisations sont fortes, justifiées et constantes, mais la force d’inertie face à tout changement est aussi très forte au pays.