La régie des alcools de l’Ontario (LCBO) est une société d’État qui a le monopole de la vente de vin importé en gros et de détail en Ontario.
Pourtant, la LCBO ne fonctionne pas comme un grossiste ou un détaillant privé classique et n’y ressemble même pas, nous dit le premier rapport du Conseil consultatif de la première ministre pour la gestion des biens provinciaux.
L’examen de ce conseil révèle que «contrairement à ce que de nombreux Ontariens croient, la LCBO n’établit pas réellement le prix de détail des boissons alcoolisées dans la province.»
Comment les prix sont-ils fixés alors?
Automatiquement!
En effet, la LCBO fixe le prix de détail en appliquant simplement et mécaniquement une majoration fixe pour tous les vins.
«Bien que la LCBO cherche à offrir le meilleur prix aux consommateurs dans ses fourchettes de prix, elle n’établit pas le prix de gros ou le prix de détail des produits qu’elle achète et vend; sa marge d’exploitation découle tout simplement de cette majoration fixe.»
Ce mode de fonctionnement entraine des aberrations.
«Comme la majoration de la LCBO sur le vin et les spiritueux correspond à un pourcentage du prix du fournisseur, les diminutions de prix que les fournisseurs consentent ont pour effet de réduire le bénéfice de la LCBO.»
«Par conséquent, la LCBO a peu intérêt à utiliser son pouvoir d’achat pour réduire le prix qu’elle paie aux fournisseurs et, par extension, le prix qu’elle demande aux consommateurs.»
Gros acheteur, petit négociateur
Ainsi, «la LCBO est l’un des plus gros acheteurs de boissons alcoolisées dans le monde, mais elle n’a pas intérêt à utiliser son grand pouvoir d’achat pour réduire le cout des produits vendus (CPV), comme le ferait tout autre grossiste ou détaillant commercial typique.»
De plus, comme la fixation des prix se fait dans un carcan rigide, les employés de la société des alcools ne se donnent pas la liberté de faire varier les prix en fonction des volumes de ventes, des saisons, des fêtes, des évènements, des occasions de ventes, comme le font les autres commerces de détail.
Paye plus cher
Le Conseil de la première ministre de l’Ontario a aussi analysé les prix d’achat et de vente de 42 produits disponibles dans les magasins d’alcools du Canada d’après une liste fournie par l’Association canadienne des sociétés des alcools.
«Nous avons été surpris par les résultats selon lesquels, dans de nombreux cas, les fournisseurs reçoivent des prix plus élevés en Ontario que dans d’autres provinces.»
Cet écart moyen est de 3 % pour les vins.
Donc, les acheteurs de la LCBO paient plus cher les mêmes vins que les autres monopoles du Canada!
Malgré cela, les prix de détail de la LCBO sont inférieurs à la moyenne nationale! C’est que les marges des autres monopoles sont plus élevées.
Ce système de majoration fixe est néfaste pour les consommateurs, pour les contribuables et pour le gouvernement de l’Ontario. «En raison du recours à la majoration fixe, la LCBO ne peut maximiser ses profits et, en fait, transfère l’argent des contribuables aux fournisseurs.»
Dans un deuxième rapport, mise à jour en mars dernier, le Conseil note que des intervenants se sont opposés à ce que la LCBO profite de son fort pouvoir d’achat. Sans nommer ces intervenants, le Conseil écrit qu’ils «font valoir qu’il serait inapproprié pour la LCBO de profiter pleinement de son pouvoir d’achat puisque l’organisme constitue en somme un monopole d’État.»
Un parallèle avec la SAQ
Ceci nous rappelle ce qu’a dénoncé la vérificatrice générale du Québec qui a aussi reproché à la Société des alcools du Québec ne ne pas utiliser son grand pouvoir d’achat.
Deux monopoles, deux monopoles semblables !
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Sources :
Rapport initial : Le Conseil consultatif de la première ministre pour la gestion des biens provinciaux, Section 3; 23 décembre 2015
Atteindre un juste équilibre : Modernisation de la vente au détail et de la distribution du vin et des spiritueux en Ontario, 18 février 2016, mis à jour 4 marts 2016
Rapport 2016 de la Vérificatrice générale du Québec, Chapitre 6, art 34, p. 12
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