Les producteurs de Saumur dans la Loire pourront utiliser des brisures de bois (copeaux de bois) pour arrondir leurs vins trop astringents.
Ils rejoignent ainsi les producteurs de Bourgueil et de Muscadet qui utilisent cette technique.
Laurent Minestreau, président du saumur rouge, cité par le Journal du Vin, dit que l’objectif n’est pas de boiser le vin ce qui serait contraire à la typicité du saumur. «Il s’agit de trouver des manières d’adapter nos vins rouges de cabernet franc à une clientèle export, qui supportent mal l’astringence de nos vins. On recherche par cette technique à gagner en rondeur.»
Les brisures de bois gomment les tanins et apportent une certaine sucrosité au vin. C’est ce qu’on appelle le goût de bébé, goût Coca-Cola, ou goût Nouveau Monde.
On utilise aussi dans la région la thermovinifcation pour assouplir en les chauffant ces vins trop rugueux et réduire leurs saveurs trop végétales.
Les pouvoirs publics, l’Inao s’opposait à l’utilisation de cette technique, mais ils ont fini par plier. (Voir l’article Des copeaux de bois dans le vin.)
Donc, avec de mauvais raisins, sur de mauvais terroirs, on peut réussir à faire du vin potable et acceptable pour une certaine clientèle.
Ainsi, les bourgueils et les saumurs rouges pourront être «améliorés» et ressembler aux rouges chiliens et australiens.
Tout le contraire de ce que l’oenologue Denis Dubourdieu recommande:«Le goût du vin doit être complexe, localisable, inimitable et contemporain.»
«Le goût: l’essentiel est de plaire… mais sans complaire! Des efforts de séduction flattent leur destinataire (le consommateur) puis l’agacent et le poussent sur un spectre de sentiments négatifs qui vont jusqu’à l’aversion instinctive.
Le goût doit être complexe, pour ne pas lasser: la complexité aromatique est l’antidote de la lassitude, vaut mieux vivre avec des gens un peu trop compliqué qu’avec des gens un peu trop simples pour que la vie ne semble pas trop longue!
Le goût doit être localisable: on parle ici d’origine géographique, mais aussi des savoir-faire viticoles et oenologiques associés.
Il doit être difficile à reproduire, donc inimitable, surtout par un concurrent pouvant le reproduire à moindre coût.
Il doit être contemporain, tout comme l’image même du vin, enraciné pour n’être que plus vivant et à l’écoute de son temps.» Denis Dubourdieu sur Vitijob.
La concurrence est féroce sur le marché des vins rouges doucereux. L’Australie exporte maintenant du vin en vrac pour être embouteillé en France et en Angleterre. (AdelaideNow)
Est-ce que cette décision de produire des vins plus faciles va nuire ou améliorer l’image des vins de Loire? Est-ce que les ventes de vins de Loire vont augmenter?
À suivre!
Et pendant ce temps, en Autralie on commence à faire du vin de terroir.
Sujet connexe: Les ventes de vins de Loire stagnent au Canada.