On entend dire quelquefois qu’il y a des critiques positives et des critiques négatives.
Pourtant, toutes les critiques honnêtes sont positives.
On peut critiquer en bien ou en mal, mais si c’est honnête c’est positif.
Le propos peut être négatif, mais la critique (honnête) est toujours positive. J’explique.
La critique s’adresse aux consommateurs. Si l’on dit qu’un produit, un vin, un film, un restaurant est mauvais, c’est positif. Positif pour le consommateur qui est ainsi mieux informé et peut économiser de l’argent et s’épargner une déception.
Ça peut sembler négatif pour le producteur. Cependant, le critique ne travaille pas pour le producteur, mais bien pour le consommateur. En fait, c’est positif aussi pour le producteur, car cela l’aide à améliorer son produit. Ça devient ainsi une critique constructive.
Le critique de vin n’est pas un bonimenteur ni un louangeur. Si c’est mauvais, défectueux, mal fait, mal entretenu, mal présenté, bouchonné, avarié, gâché, pourri, il doit en faire état.
J’entends dire que si un vin est bouchonné ou défectueux qu’il ne faut pas le mentionner, mais acheter encore pour trouver une bonne bouteille. Mais ce n’est pas honnête d’agir ainsi.
Un vin bouchonné, c’est la réalité. Ça existe, on ne doit pas l’occulter. Est-ce qu’on regoûte une deuxième bonne bouteille au cas où ce serait une exception?
Toutefois, si on le fait et on goûte une deuxième bouteille, on doit dire la vérité, dire que la précédente était bouchonnée ou défectueuse.
Le critique de vin doit agir comme le critique de restaurant, de cinéma, de théâtre, le livre… Il doit dire, écrire, décrire ce qu’il voit.
De toute manière, pourquoi mettre en marché un produit défectueux? On me répond que ce n’est pas la faute du vigneron, mais du bouchon. Mais qui a mis le bouchon sur la bouteille? Une opération du Saint-Esprit?
Des producteurs consciencieux mettent de l’eau dans le lot de bouchons; goûtent l’eau et si elle est mauvaise, jettent le lot de bouchons. D’autres producteurs s’en foutent et savent bien que la plupart des chroniqueurs vin seront complaisants.
Comment alors éliminer un problème, si personne n’en parle. C’est comme s’il n’existait pas.
On doit décrire ce que l’on a devant nous à ce moment-là. C’est comme un critique de restaurant qui a un mauvais repas un midi. Le personnel était peut-être de mauvaise humeur ou fatigué, ça sera peut-être mieux le lendemain, mais le critique décrit ce qu’il vit à ce moment-là.
La critique c’est une photo à un moment donné; un moment que pourra vivre aussi le consommateur.
Dans le monde du vin, de la critique du vin, contrairement aux autres domaines de la consommation, il y a souvent une attitude angélique face au vin et aux vignerons. On n’accepte pas la description de la réalité si elle n’est pas louangeuse. C’est méconnaître le travail du journaliste qui doit décrire ce qu’il découvre.
D’où vient cet angélisme très répandu dans le monde du vin. Angélisme qui n’existe pas ou peu dans les autres domaines de la critique. Est-ce une trop grande proximité avec les producteurs, une vue bucolique du monde viticole, un jovialisme exacerbé, un désir de se faire aimer du producteur, un manque de courage, une tradition ou autre? C’est un peu tout cela.
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