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Le vin du Portugal, cet inconnu pourtant bien consommé au Québec

Les Québécois ont acheté 3,4 millions de bouteilles de vin portugais rouge, blanc et rosé (hors porto) au cours de la dernière année (2009-2010). C’est deux fois plus qu’en 2005.

Lors de la période précédente de 1995 à 2005, les ventes de vin portugais avaient même triplé au Québec.

Par contre, les ventes de porto ne cessent de chuter. On en achetait l’équivalent de 2,1 millions de bouteilles de 750 ml en 2005, c’est maintenant 1,5 million. En valeur, c’est 36 millions de dollars au lieu de 50 millions de dollars, il y a cinq ans.

Le Canada est l’un des principaux clients du vignoble portugais après l’Angola, le Royaume-Uni, la France, les États-Unis, l’Allemagne et la Belgique.

Est-ce que l’on connaît les vins du Portugal?

Les appellations : Douro, Dao, Vinho Verde, Alentejo, Porto…
Les cépages : touriga nacional, tinta roriz en rouge; alvarinho et encruzado en blanc, et tant d’autres.

Les principales régions de production en rouge sont le Douro (où on fait aussi le fameux porto), le Dao et l’Alentejo.

On y fait aussi du rosé. J’ai parlé dernièrement du Mateus.

Les vins du Portugal ont commencé à être exportés en Angleterre au 17e siècle lors du conflit anglo-français. Les marchands londoniens ajoutaient de l’alcool aux vins de Porto à leur arrivée aux quais en Angleterre. Ainsi est né le porto. Maintenant, on ajoute de l’alcool à Porto même.

Les cépages du Portugal

Les cépages du Portugal seraient au nombre de 300. Le plus connu est le touriga national. On en fait même une confiture délicieuse. Ce serait le cépage le plus planté, «le plus planté sur l’étiquette», nous dit un portugais du cru, qui ne veut pas qu’on l’identifie sur cette citation.

De toute manière, «le Portugal n’est pas un pays de cépage», ajoute Salvador Guedes, un des grands patrons de la maison Sogrape. Propos confirmés par trois œnologues de la maison.

Ils préfèrent faire des assemblages, plutôt que des vins de monocépage.
Ils sont d’ailleurs très fiers des cépages autochtones. Ils ont su éviter la mode des cépages français, qu’on appelle maintenant cépages internationaux, merlot, cabernet sauvignon et chardonnay, que l’on retrouve dans tous les pays. La seule exception est la syrah qu’on a plantée dans la région d’Alentejo.

Le groupe Sogrape

Est-ce que vous connaissez la maison Sogrape?
Si je vous dis Callabriga, Ferreirinha, Vinha Grande, Barca Belha, Vila Regia, Dugue de Viseu, ou encore Ferreira, Offley, Sandeman, Gazela et Mateus…
Eh bien, tout ça, c’est Sogrape.
C’est une entreprise familiale qui a plusieurs domaines (quintas) au Portugal.

Si vous buvez un vin du Portugal, il y a de fortes probabilités que ce soit un vin de cette maison. En effet, il semblerait que 50 % des vins portugais exportés le sont par Sogrape.

Au Québec, il y a actuellement, à la SAQ, 38 produits de cette maison. C’est peu sur l’ensemble des 450 produits portugais sur les tablettes.

 

La série Callabridga

C’est ainsi que sont faits les vins de la série Callabridga. Ils sont au nombre de six, dont trois reservas. Deux pour chaque région: Douro, Dao et Alentejo. (www.callabriga.eu)

L’œnologue responsable de la gamme, Miguel Pessanha, nous explique qu’il vise à produire des vins de qualité internationale avec uniquement des cépages locaux.

Ce sont des vins de facture moderne adaptés au goût du jour. Des vins fruités et assez boisés. «Des vins nouveaux de l’Ancien Monde.» Les six vins ont un cépage commun, le tinta roriz, appelé aussi aragonês (se prononce aragonèche). Cépage qui est associé dans chaque appellation à deux autres. Pour le Douro, ce sont la touriga franca et la touriga national; le Dao, la touriga nacional et l’alfrocheiro et dans l’Alentejo, l’alfrocheiro et l’alicante bouschet.

Lequel de ces six vins allez-vous préférer ? Pour en avoir une idée, prêtez-vous à ce petit jeu Blend your Feelings.

J’aime particulièrement le Callabriga de l’Alentejo 2007. Il a un côté floral, des arômes de violette, ses tanins sont fins. Il me semble d’une texture plus serrée que celles des Dao et Douro. Le boisé est moins perceptible aussi.

Le Reserva 2004 de la même région est encore plus profond, plus costaud, enveloppant, tannique et même astringent. Il a de belles saveurs d’olives et de prune.

Au Québec, nous avons le Callabriga Douro 2007, dont j’ai déjà parlé ici. En Ontario, il est trois dollars moins cher.

Il y a aussi un vin de la série Callabridga produit à la Quinta Ferreirinha.

Vinha do Monte

Les vins de la série Vinha do Monte, moins chers, ont aussi une belle personnalité. Le blanc 2009 est floral, légèrement muscaté. Le fruité est assez gras sur une belle acidité. Bien long. Ses cépages sont principalement le roupeiro, l’antao vaz et l’arinto.

Son pendant en rouge, le Vinha do Monte rouge 2008 a de belles saveurs de fruits chauds. Un vin de caractère à prendre avec des grillades. Cépages : aragonês, alfrocheiro, trincadeira, syrah et alicante bouschet. Oui, la  syrah semble bien adaptée à cette région d’Alentejo. Disponible à la SAQ à 11,35 $. 501486
 
Ce sont des vins d’appellation régionale vinifiés à la cave Herdade do Peso et provenant d’achats auprès de producteurs des environs.

Le domaine Herdade do Peso

À retenir, deux beaux vins, le Coleita Alentejo 2007 du vignoble Herdade do Peso, d’une belle fraîcheur et le Coleita 2007 de la Quinta dos Carvalhais, d’un beau fruité, agréable, à servir frais. La maison appose de terme colheita (millésime) sur certaines étiquettes pour désigner des vins de qualité supérieure.

Les œnologues de Sogrape disent vouloir éviter de produire des vins rustiques, trop extraits, trop lourds. «Nous préférons l’élégance», dit Miguel Pessanha lors d’une visite à Herdado do Peso. C’est un domaine planté en 1993 et acheté par Sogrape en 1997. On l’a fait passer de 40 hectares à 160 hectares, surtout en rouge, avec un peu de blanc (8 hectares).

Dans cette région de l’Alentejo, les nuits peuvent être fraîches en septembre (15-16°) et les journées bien chaudes (34-36°). Cette grande amplitude thermique permet d’obtenir des baies de qualité. Les sols argilocalcaires et d’argile rouge retiennent bien l’eau. C’est indispensable, car il n’y a plus que deux saisons maintenant dans cette région : l’hiver où il pleut abondamment et l’été où il pleut rarement. Les vignes sont irriguées si nécessaire avec un système de tubulaires qui courent au bas des plants. En juin, lors de notre visite, on ne l’avait toutefois pas encore utilisé. Au besoin, on arrosera en profondeur.

Les vins blancs portugais

Quinta de AzevedoLe Portugal est surtout connu pour ses portos et ses vins rouges. Pourtant, je dois dire que lors de ce voyage de presse, j’ai été charmé par leurs vins blancs. Est-ce le Soleil, l’ambiance, la nourriture ? Les vins blancs m’ont paru d’une grande fraicheur et surtout d’un bel équilibre. Assez vif, peu ou pas boisé, sec, rond et bien rafraîchissant.

Le versant blanc du vignoble portugais est donc à explorer.
 
On produit du blanc dans plusieurs régions, mais surtout dans le Minho, où on élabore le vinho verde. Les Portugais prononcent vigno verde.

À l’origine, c’était un vin rustique, peu alcoolisé et légèrement effervescent.

Aujourd’hui, l’on y trouve deux types de vinho verde. Le traditionnel, auquel on ajoute un peu de gaz carbonique afin de lui donner ce petit perlant comme autrefois. Il a aussi un taux d’alcool peu élevé et un peu de sucre résiduel.

Un bel exemple de ce type de vin est le Gazela. Le taux d’alcool est peu élevé, soit 9 %. Son perlant et son sucré léger équilibrent une acidité rafraîchissante. Il a presque 12 grammes de sucre et 7,5 grammes d’acide, pour un pH de 3,1. Le cépage principal est le loureiro. Sa bouteille est maintenant obturée par une capsule à vis, mais pas au Portugal, grand producteur de liège.

Le vinho verde de type dit moderne est sec, non gazé et souvent très acide. Un bel exemple est celui de la Quinta de Azevedo disponible en Ontario. Fait du même cépage que la Gazela. Son taux d’alcool est par contre plus élevé à 11 %. C’est sec, léger, floral et bien fruité. Il a 6 grammes de sucre, mais on ne le perçoit pas puisqu’il contient encore plus d’acide, soit 7,8 grammes. (pH de 3)

On trouve aussi en Ontario, un vinho verde plus costaud, le Morgadio da Torre (17,95 $). Il est fait du cépage alvarinho. Son taux d’alcool atteint les 13 %, le vin est vif. On ne goûte pas le sucre (4 grammes) tellement l’acidité est élevée (7,34 grammes). Idéal pour accompagner des poissons gras.

Les vinhos verdes sont des vins à forte acidité. Le double des autres vins blancs. C’est un caractère recherché pour accompagner les mets locaux.

Lorsque j’ai dégusté ces trois vins, à jeun, j’ai préféré le Gazela ; puis en mangeant quelques bouchées, le Azevedo est devenu plus intéressant. Avec un repas, le Morgadio aurait sûrement pris le dessus. Donc, trois types de vins, pour des accompagnements différents.

Le grand patron de la maison Sogrape, Fernando Guedes, nous a fait visiter les vignes de sa Quinta de Azevedo. Il en est très fier. Il a tout rénové les bâtiments et le vignoble. Il y a quelques années, on y laissait pousser les vignes très haut, à deux mètres. Aujourd’hui, on replante tout, plus serré, et on taille bas. Le peu d’eau disponible se disperse ainsi moins dans le feuillage. On obtient plus de sucre dans les raisins.

Le domaine a développé sa propre levure. La QA 23, la Quinta de Azevedo 23. Elle est utilisée pour démarrer et contrôler la fermentation. C’est un succès, elle est maintenant utilisée en France, en Australie et aux États-Unis. (Voir aussi l’article Le vinho verde ou les vinhos verdes.)

On fait du vin blanc dans d’autres régions du Portugal. En voici quelques exemples.

Planalto 2009, un vin blanc frais, d’une belle acidité et d’un beau fruité. Souvent disponible en Ontario à 13,95 $.

Duque de Viseu blanc 2009, de la Quinta dos Carvalhais, très aromatique, gras, des arômes de cire, on dirait du chenin. Il évolue très bien en bouche. «La mode aujourd’hui est de faire des vins avec un fruité tropical.  Je lutte contre cela. Ces vins s’écrasent en bouche. Je préfère les vins minéraux. Celui-ci est élevé en fût de chêne avec beaucoup de bâtonnage pour augmenter le volume», nous dit son vinificateur Manuel Vieira. Il est disponible en Ontario à 12,95 $.

Villa Regia 2009, vivifiant, parfumé, un beau fruité de malvasia.

Étiquetage du MateusLe Portugal en recherche

En somme, le Portugal est un immense vignoble. En plus du porto, on y fait énormément de vin sec rouge, blanc et rosé.

La production y est très variée, les styles aussi. En fait, au niveau du style, je crois qu’on se cherche encore. On essaie de suivre la mode, on boise un peu trop et le fruité des rouges est quelquefois très généreux aux dépens de l’acidité.

On fait peu de monocépage. On devrait peut-être, si ce n’est juste pour permettre aux consommateurs de découvrir, de connaître et d’apprécier ces cépages, les jaen, loureiro, encruzado, tinta roriz, touriga nacional et autres.


 Pour en connaître plus sur les vins du Portugal, visitez les sites de l’Institut des vins du Portugal et de la société Sogrape Vinhos.
   Ce voyage de presse a été fait à l’invitation de la société Sogrape et grâce à la collaboration de la compagnie aérienne Sata.
     Des vins du Portugal…