Finalement la direction de la Société des alcools du Québec modifie son système d’appel d’offres.
La SAQ écrit que «dans son récent rapport, le Vérificateur général a analysé le processus d’acquisition des produits par la Société des alcools du Québec (SAQ) et a émis des recommandations afin que la SAQ s’assure d’obtenir les conditions d’achat les plus avantageuses.»
La Vérificatrice générale reprochait à la SAQ d’indiquer le prix qu’elle voulait payer pour ses vins. Les appels d’offres donnaient en effet le prix de détail voulu. La SAQ fournissait une calculette aux producteurs avec laquelle ils pouvaient trouver le prix de gros recherché par la SAQ. Ce qui, selon Mme Guylaine Leclerc, revenait à dire quel prix les acheteurs de la société d’État voulaient payer. Il n’y avait donc pas de tentative d’obtenir le plus bas prix possible. Elle a donc demandé à la SAQ de changer de façon de procéder afin de tenter d’obtenir le plus bas prix possible.
La SAQ dit donc qu’ «un engagement a donc été pris pour émettre nos appels d’offres avec mention du prix d’achat, et ce, à partir de l’appel d’offres mis en ligne aujourd’hui, le 15 décembre.»
Donc, la SAQ n’affiche plus le prix de détail souhaité, mais le prix d’achat souhaité. Exemple «Un vin blanc de repas, France Sud. Prix d’achat bouteille maximum : 4,34 $ CAD».
La direction de la SAQ dit que «cette nouvelle façon de procéder permettra aux produits ayant le meilleur rapport qualité/prix de se démarquer et d’être sélectionnés dans le cadre des appels d’offres.»
La SAQ a ainsi lancé une série d’appels d’offres en indiquant «Prix d’achat maximum par bouteille». Ce qui donne ceci: Vin Canada 5,15$; Vin Canada monocépage 8,03 $; Vin blanc Val de Loire 4,36 $; Vin blanc Nouvelle-Zélande 5,68 $; Vin rouge États-Unis, Washington, Oregon 8,48 $.
Une chose est étrange dans ces prix! Pourquoi des prix maximums du genre 8,03 $ ? Pourquoi pas 8 $ tout simplement? Ou 5,68 $; 4,36 $ ? Est-ce que cela n’est pas tout simplement la même calculette, mais à l’envers. D’ailleurs, les nouveaux appels d’offres mentionnent encore cette fameuse calculette décriée par la Vérificatrice générale.
On lit dans l’appel d’offres du 15 décembre que «la calculette ne tient pas compte des baisses de prix de la SAQ. Du résultat affiché, la SAQ retranchera 0,50 $ pour refléter la baisse de prix annoncée en novembre 2016.»
De plus, on lit ceci : «Le chargé de compte va valider les montants d’investissement avec l’agent avant la confirmation du produit.»
Est-ce que le bureau de la Vérificatrice générale serait satisfait de cette soi-disant nouvelle façon de procédé?
Va-t-on obtenir le meilleur prix possible en indiquant le prix qu’on est prêt à payer?
N’est-ce pas tout simplement dire 4 trente sous au lieu d’une piastre?
– Conférence de presse de Mme Guylaine Leclerc, vérificatrice générale, 25 mai 2016
– Rapport – Vérificateur général du Québec 25 mai 2016 (PDF)
– La SAQ ne cherche pas le prix le plus bas, Guylaine Leclerc note une politique d’achat qui nuit au consommateur, Marco Bélair-Cirino, Le Devoir, 26 mai 2016
– Vente d’alcool: les Québécois ont payé 215 millions $ plus cher qu’en Ontario, Régys Caron, Journal de Québec, 25 mai 2016
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Dans la série COMPRENDRE LA SAQ