En mars 2015, nous avons proposé dans ce site une réforme du commerce du vin au Québec. En 2014, nous avions aussi prévu que le plan se réaliserait en 2017.
En juin 2016, ce projet de réforme a été mis à jour. Deux des améliorations proposées ont été acceptées par le gouvernement du Québec et sont mises en place ces jours-ci. C’est la vente du vin québécois en épicerie et la levée de l’interdiction du nom des cépages sur les vins en épicerie. Ceci constitue la première phase du plan Action Vin.
Il reste encore du travail à faire pour améliorer le commerce du vin au Québec qui est sclérosé, parce qu’encadré de manière très bureaucratique par des règles désuètes.
Les ventes de vin connaissent une croissance anémique en volume depuis quatre ans au Québec. Le monopole peine à atteindre les cibles de revenu fixées par le ministre des Finances à tel point que le gouvernement a dû hausser à plusieurs reprises la taxe spécifique sur le vin.
De plus, la direction de la SAQ a été fortement critiquée pour son inefficacité par la Vérificatrice générale du Québec. Elle lui a reproché de ne pas chercher à obtenir les meilleurs prix possible. Le président de la société d’État a présenté un plan de redressement aux députés, mais c’est très limité.
Que faut-il donc faire pour relancer la vente de vin au Québec et augmenter les revenus de l’État provenant de la vente de ces vins?
Il n’est pas question de privatiser la SAQ. Elle a encore un rôle à jouer. Il faut toutefois décoincer le système actuel et le rendre plus efficace.
Les dirigeants de la SAQ sont coincés entre leur rôle de collecteur de fonds pour l’État et celui de vendre du vin. Ce qui est à l’origine de bien des égarements dans leur système d’achats et de fixation des prix.
1. Il faut tout d’abord transformer le dividende de 1 milliard de la SAQ en taxe.
Ceci assurera plus de transparence et permettra aux gens de la société d’État de se consacrer à la vente de vin et non à la collecte de fonds pour le gouvernement. Cette taxe serait un pourcentage ajouté au prix de vente de détail des vins.
Partout dans le monde, la majorité des gens achète leurs bouteilles de vin en faisant l’épicerie. Au Québec, c’est presque impossible, puisque les épiciers sont restreints aux vins de basse qualité. Ils ne peuvent acheter que des vins importés en vrac. Malgré cela, les ventes de vin en volume augmentent plus vite dans les épiceries que dans les succursales de la SAQ. Maintenant qu’on a réglé en partie la question des vins québécois et de l’étiquetage en épicerie, il faut améliorer la vente de vin dans ces épiceries et dépanneurs.
2. Il faut donc permettre aux épiciers de s’approvisionner auprès de la SAQ et du secteur des sélections privées.
Ceci donnerait un meilleur choix aux consommateurs et aux producteurs dans un ensemble de 8000 points de vente. Cela devrait entrainer une augmentation des ventes et ainsi des revenus de l’État.
Le secteur des sélections privées (le mal nommé importation privée) aurait atteint 150 millions de dollars en 2016. Sa croissance est pourtant bloquée par des limites bureaucratiques. Ils ne peuvent vendre qu’à la caisse. Ils disent pourtant avoir des milliers de vins à vendre. Les représentants de ces 400 sélectionneurs disent même avoir plus de choix à offrir que la SAQ.
3. Il faut permettre la vente à l’unité aux centaines de sélectionneurs privés.
Grâce à ces mesures, le commerce du vin au Québec pourrait ainsi devenir aussi efficace que celui de la bière artisanale.
Ceci donnerait plus de liberté et de choix aux consommateurs ainsi qu’aux marchands; en plus d’augmenter les ventes en volume et d’accroitre par conséquent les revenus de l’État.
La SAQ continuerait à vendre des vins dans ses magasins ainsi que dans les épiceries et dépanneurs. Elle développerait de plus une expertise de grossiste. Elle conserverait le monopole des spiritueux.
Voilà donc les grandes lignes d’un projet de réforme du marché du vin au Québec. Action vin permettra de donner plus de liberté de choix aux consommateurs; plus de liberté de commerce aux commerçants; d’accroitre les points de vente et d’augmenter régulièrement les revenus du gouvernement.